Une image de la vie moderne : Madame Gainsbourg en photo au naturel s'affiche en grand, à ses pieds, vivante, une asiatique ultra-maquillée se précipite pour vous asperger de "Balenciage Paris". Un nom très tarte.
L'être humain en chair et en os bosse aux Galeries Lafayette et son petit boulot consiste donc à mettre du parfum à des inconnus. Elle est stressée, vraiment. Est-ce pire qu'être ouvrier à la chaine ? Je le crois. Des heures en talon haut et tailleur, crispée, le devoir de sourire.
Madame Gainsbourg a une mine sereine et concentrée. L'effleuve du produit qu'elle représente, vend, incarne, n'aurait pas de vertus apaisantes, au vu de cette modeste expérience, hier alors que j'm baladais, dans l'magasin, le coeur ouvert à l'inconnu...
Mais est-ce ce que l'on demande à un jus, le bonheur ?
Foin - une odeur dégagée par la grande bourgeoisie, parail-il (sources "Métamorphose d'un mariage") - de politically correct.
J'ai accepté par erreur son invitation (celle de madame Gainsbourg ou de son employée ?) à être aspergée et l'ai regretté.
Parfum d'amertume. Mon état d'esprit. L'odeur, elle, est épouvantable.
Ou serait-ce ma peau, qui fait virer le jus ? Je ne l'exclus pas. Voilà pourquoi :
Décembre dernier, une obsession : changer de signature, olfactive (la graphique ressemble à la main de Fantomas).
J'arpente les parfumeries, Marionnaud, de quartier, big boutiques.
Je sens, je sens, je sens, à qui mieux mieux. Et ça empire.
Après dix ans d'Odyssée (Lacaniens, prenez votre pied), mon nez naïf ne supporte plus l'atroce odeur alccolisée de la plupart des créations.
Suis-je une référence ? Certainement pas, j'aime l'odeur de mon chien. Beaucoup diraient qu'il pue. Je les plains.
J'en ai appris des choses, à cette occasion, enfouir son naseau dans le manteau pour se décontaminer et humer de nouveau.
Dans les maisons les plus élégantes, sentir un petit grain de café (j'y ai pas mis les pieds, une rumeur).
La déception, pourtant, flacons après flacons.
Les noms sont prometteurs, telle une Escale à Portofino,
Les descriptions font saliver :
Ah ça, dégager une odeur de cèdre onctueux...
Immanquablement, un petit pschitt et un grand beurk s'ensuit.
Balenciaga Paris ne faillit pas à la règle. Alcool à la violette.
(en aparté : j'ai fini par trouver, une odeur de farine et de bois, ce sont les autres qui en parlent le mieux)