Par N.E. Tatem avec ARGOTHEME
Cet article a été publié par POPULISCOOP
- 2ème Partie - Grève des travailleurs, football et corruption des sphères dirigeantes. -
Dans le contexte de la liesse du football due à la participation de l’équipe nationale à la CAN en Angola et la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, les mouvements sociaux et les grèves des grands complexes industriels ne sont pas en trêve…
De son côté la large couche vulnérable de la population algérienne, prise la joie du ballon rond, est déconnectée des mouvements sociaux qui revendiquent la démocratie et la justice sociale. Elle reste bloquée dans la scrutation de la violence terrorisme, largement atténuée malgré la labellisation AQMI (Al-Qaïda pour le Maghreb islamique). Au phénomène criard de l’absence de cohésion politique qui frappe l’opposition partisane des démocrates algériens et de larges franges de la société, s’est rajoutée l’exultation du football auprès d’une population avide d’évasion.
Pourtant informés tant des dernières revendications que de son état, les algériens à l’instar des populations arabes, ils se satisfont de la rente même quand les dirigeants en font mauvais usage. Et l’islamisme même s’il attire encore, nombreux prolétaires (travailleurs et laissés pour compte) dépourvus de cadre organisationnel éclairé, il ne leur offre point la perspective à laquelle ils espèrent.
L’action des syndicats émergents en parallèle à l’UGTA, est tue par à la fois les médias officiels et au niveau des puissants réseaux (communément « le téléphone arabe ») du bouche-à-oreille. Des canaux clandestins de fanatiques sont connectés, d’une manière formellement interdite mais pratiquement entretenue lors des cinq prières quotidiennes abritées par plusieurs dizaines de milliers de mosquées, cogitent à sauver ce qui reste des acteurs islamistes en Algérie. Ils tournent le dos au monde du travail parce qu’ils sont outils de capitaux issus de trafics et les prédations corrompues qui ont main-basse sur la rente du pays.
Depuis des années, les mouvements sociaux ont été mis en berne de la prédation à double tranchants, du nationalisme corrompu et du « fascislamisme ». Ils renouent difficilement avec le terrain depuis environ 2007. Malgré leur intensité, dans un contexte qui ne s’y prête guère, cette reprise des luttes sociales adopte la diversité dans ses formes de contestations en comptant dans son sillage le groupe « Bezzef » dont les quelques milliers de membres ont été ligués grâce au « Réseau Social » sur Internet : FACEBOOK.
C’est pour cela que des cas désespérés sont traînés devant les tribunaux, lynchés sur la place publique, ignorés par même l’organisation officiel UGTA et paradoxalement considérés comme incompris par la population bernée de populisme. L’histoire de Yacine Zaid, le premier à rendre public l’« esclavage moderne » qui se déroule dans le sud algérien. Et celui de Mme Meryem Mehdiqui après une grève de la faim de 41 jours pour licenciement abusif, la multinationale qui l’employait a cédé. British Gas vient de lui proposer une rencontre en vue de sa réintégration. Ces 2 cas interpellent plus d’un, quant aux traitements que subissent certains travailleurs dans une économie incapable de survivre sans le pétrole comme nombreux pays du continent africain : Afrique du Sud, Egypte et les deux voisins : Maroc et Tunisie.
Le film réalisé par Yacine
En contredisant l’emportement de la société, encore une fois après la nébuleuse vague d’adoration « fascislamiste », ces combats syndicaux se plaquent à la marge de la liesse collective autour du ballon rond. Mais essentiellement ces troubles n’ont jamais été aussi fervents et porteurs de fulgurance, ce qui dénote que l’après-foot sera plus soutenu. Bien sûr si une autre fulgurance fumisterie populiste ne viennent accaparer la contestation.
L’euphorie qui n’épargne aucun cercle de l’opinion, ni génération. Les petits moments de joie et l’évolution de l’équipe, même marquée par l’agressivité égyptienne, ne captive que peu les laborieux du peuple. A qui la misère retire de leurs familles les jeunes les plus affligés, qui s’aventurent dans le périple du « harag ».