A quoi bon m'installer devant le poste pour écouter les sornettes d'un gars qui m'insupporte ? Un vendeur de casseroles proposant des prix chocs à des ménagères en mal de batteries de cuisine. Cela sent l'arnaque à pleins nez ! Aucune envie de pousser le masochisme jusqu'aux rives extrême de l'excitation pour ce genre d'interlope. Les soirées sont faites pour s'amuser. D'autant que, reprise de tous bords, décortiquée, hachée menue, l'intervention du chef de l'état ne manquerait pas d'illustrer l'ensemble des médias de la planète hexagonale : tous ensemble, a hue et a dia ! Il suffisait d'attendre pour en connaître les tenants et les aboutissants d'un discours sans surprise.
A peine l'émission terminée, tout le monde s'en donnait à coeur-joie. Chacun allant de son petit quelque chose en guise de commentaire ou d'analyse. Nos amis de la presse étrangère s'en sont illustrés par des remarques acerbes à l'humour décalé. C'est cela l'avantage du recul. A défaut d'être définitifs, il nous confortent dans l'idée que nous avons du personnage. Cela ne change rien à l'affaire, tout au plus cela met du baume dans nos ego de penser qu'à l'étranger d'autres personnes pensent comme nous. Charles Bremner, le patron du bureau du Times à Paris, ayant sans doute goûté, en bon anglais, résident à Paris depuis bientôt 20 ans, « Les carnets du major Thompson » de feu Pierre Daninos, observe un peu notre pays et le président, comme jadis Alphonse Daudet suivait Tartarin de Tarascon dans sa chasse au lion, distance et modernité incluses. Toujours cet exotisme français très prisé chez la perfide Albion. Entre show et téléréalité, monsieur Bremner n'hésite pas. Il met les deux termes dans le shaker et agite énergiquement pour tirer la substance que voici : “C'est un président monarque qui s'offre deux heures de prime time pour tenter de redorer son image. Il écoute les doléances de ses sujets qui souffrent, comme le bon roi à leur chevet. » En matière de monarchie, monsieur Bremner connait son sujet.