J'ai l'air ravi de taper sur l'Union européenne à longueur de temps mais ça me pompe. Je préfèrerais me soucier moins de ce trou noir et contribuer à des choses plus positives.
Je suis donc ravi, profondément, de lire un excellent article signé Aquilino Morelle dans Libération de ce jour (republié sur NonFiction). L'homme a été conseiller de Lionel Jospin, est professeur à Paris I, maître de conférences à Sciences Po, il a son rond de serviette chez Non-Fiction ; toutes les pelisses de la gauche parfois trop bien pensante. Il échappe pourtant en grande partie au conformisme.
Le coeur de son article :
"La vraie immoralité, pour la gauche toute entière, a été d’accepter la coupure avec les classes populaires. La « désinflation compétitive » qui provoqua la montée du chômage de masse, l’abdication de sa responsabilité- « contre le chômage, on a tout essayé »-, sa résignation devant l’explosion des inégalités sociales et sa faiblesse devant l’impudence de ceux qui tentaient de justifier l’injustifiable : telles furent les principales étapes de cette coupure.
Au cœur de ce mouvement historique : l’Europe. Face aux difficultés de l’action, une large part de la gauche a abandonné le socialisme pour lui substituer un credo européiste. Or, si le socialisme du XXIe siècle ne peut se définir et agir qu’au niveau de l’Europe, l’Europe telle qu’elle a été pensée et conçue dès le 1957 et telle qu’elle existe désormais est de nature libérale : son code génétique est inscrit dans le traité de Rome et il est libéral. L’« Europe sociale » n’est qu’un slogan de campagne et restera une illusion tant que les fondements politiques et juridiques actuels de l’Europe n’auront pas été changés."
Bon. Il ne reste à Aquilino Morelle qu'à admettre qu'il est impossible de changer les fondements politiques et juridiques de l'Europe actuelle (qui le veut parmi les 27 ?) pour conclure qu'il faut en sortir - ou réduire ce qui existe à un organe de coopération et de consultation, type Conseil de l'Europe.
C'est peut être l'affaire d'une dizaine d'années à peine. Verrions-nous le bout du tunnel ?
(c'est mon deuxième titre "gloire et honneur". Le précédent c'était pour Lionel Stoleru. A la relecture, aucun regret).