Les vitraux décalés de François Morellet au Louvre

Publié le 27 janvier 2010 par Alexia Guggémos @alexia_guggemos

Tests de lumière réussis pour François Morellet qui signe aujourd’hui au musée du Louvre « L’esprit d’escalier », de superbes vitraux lumineux désormais installés dans l’aile nord Richelieu, reliant les départements Sculptures, Peintures des écoles du Nord et Objets d’art. En 1852, les baies et oculi de ce lieu atypique et sombre, sans aucune ouverture sur l’extérieur, avaient été pensés pour recevoir une lumière artificielle, jamais installée. Désormais, c’est une lumière blanche qui transperce l’escalier Lefuel de part en part.

Agé de 84 ans, précurseur du minimalisme, François Morellet a toujours cultivé une image décalée, presque facétieuse. « Si vous voulez au moins faire sourire votre architecture, appelez-moi ! » avait-il lancé aux responsables du plus prestigieux musée du monde afin de les convaincre de lui confier la réalisation de ces vitraux. Résultat : une œuvre surprenante pour le visiteur, plus habitué au classicisme de bon aloi dans ce lieu prestigieux qu’aux clins d’œil de la création contemporaine. Car François Morellet, tout en respectant à la lettre l’esprit de ferronnerie de l’aile, a désaxé les lignes géométriques simples et élégantes de ses vitraux.

« J’espère bien avoir introduit là un désordre discret et absurde qui pourra faire sourire des visiteurs « dans mon genre », tout en ne sautant pas aux yeux de tous les autres, au risque de les faire trébucher dans l’escalier. » Ce décalage est rendu lisible par le choix de deux verres de nature différente : le verre opale et le verre incolore diffusant. Cette œuvre, destinée à nous survivre, a été réalisée par les Ateliers Loire de Chartres. Une commande publique d’une valeur de 450 000 euros.