En septembre 2008 j'avais fait le récit sur ce blog de la persécution exercée par le régime communiste vietnamien icicontre les catholiques, qui représentent 8 à 10% de la
population du pays. A l'époque les communistes au pouvoir avaient notamment employé la violence contre des paroissiens de Thai Ha, pour les empêcher de prier
et de récupérer un terrain détourné par le régime en 1954.
En fait le régime communiste vietnamien sait que l'Eglise catholique est un bastion de liberté dans le pays et qu'elle n'a pas peur de lui. Cette situation n'est pas sans
ressembler à celle qu'a connue la Pologne catholique dans les années 1980, encouragée par l'élection au siège de Pierre, à l'automne 1978, du cardinal Karol
Wojtyla, sous le nom de Jean-Paul II. A la grande différence toutefois que les catholiques sont minoritaires au Vietnam, ce qu'ils n'étaient pas en
Pologne.
Le régime totalitaire vietnamien n'en est pas moins déterminé à écraser ce libre bastion, qui pourrait être contagieux, et, en particulier, à se débarrasser de l'archevêque de
Hanoi, Mgr Joseph Ngo Quang Kiet [photo ci-dessus publiée par La Croix ici], qui lui résiste. Le maire de la ville, Nguyen The
Thao, promis aux plus hautes fonctions dans le régime, a même demandé sa révocation, après que le prélat a déclaré, au sortir d'une vaine réunion avec des représentants
des autorités, que la liberté religieuse n'est pas un privilège mais un droit.
Après l'annonce, à Vinh Long, en décembre 2008, de la transformation en jardin public d'un terrain appartenant depuis un siècle aux religieuses de
Saint Paul de Chartres ici et après l'expédition punitive des autorités contre des
paroissiens de Tam Toa en juillet 2009 ici, c'est au tour
de la paroisse de Dong Chiem, située dans l'archidiocèse d'Hanoi d'être l'objet d'une agression policière.
Le 6 janvier 2010, à 2-3 heures
du matin, des policiers vietnamiens ont commencé à détruire la croix érigée au printemps dernier sur la colline Nui Tho, qui appartient à l'Eglise catholique
depuis plus d'un siècle et qui est située à Dong Chiem, soit à 70 km au sud de Hanoi. La nouvelle se répand. Des paroissiens veulent empêcher cette destruction. Ils
sont frappés et blessés [photos en provenance d'ici], dont deux assez gravement, par des agents de la Sécurité
publique, qui sont armés de grenades lacrymogènes, de matraques électriques et de fusils, et qui sont accompagnés de chiens policiers ici. Une dizaine de personnes sont arrêtées.
Quelques jours plus tard, le 11 janvier 2010, un journaliste qui accompagne le Père Nguyen Van Lien, de la paroisse de Dong Chiem, est attaqué et blessé ici par un groupe de policiers, qui lui confisquent son appareil-photo. Les mêmes policiers s'en prennent à deux anciens combattants
catholiques handicapés, qui ont eu la mauvaise idée de vouloir eux aussi se rendre à Dong Chiem.
Le 22 janvier 2010, l'agence Zenit rapporte ici :
"Le 20 janvier, vers 11 h, un religieux rédemptoriste, frère Antoine Nguyên Van Tang, après avoir été éconduit hors de la paroisse par les forces de l'ordre a
été violemment agressé et roué de coups. Le religieux a été laissé évanoui sur la route. Il n'a repris connaissance qu'une heure plus tard."
Comme on le voit il n'y a rien de nouveau, hélas, sous le soleil communiste.
Dans un article mis en ligne par La Croix le 25 janvier 2010 ici, Rémy Favre cite Tiep, un avocat catholique
vietnamien :
"Nous pensons que les autorités vietnamiennes essaient de pousser l’archevêque à s’impliquer dans cette affaire. Elles cherchent un prétexte pour le chasser de
Hanoï."
Ce serait bien dans la manière communiste de provoquer ainsi.
Rémy Favre ajoute :
"Aujourd’hui, les fidèles comprennent la retenue de leur archevêque. Ils s’organisent eux-mêmes pour protester contre les violences. Dans une lettre adressée aux
autorités, la paroisse de Dông Chiêm demande la levée du siège de l’église et la remise en liberté de ceux qui ont été arbitrairement arrêtés."
Ici, dans nos pays où nous pouvons nous exprimer avec une plus grande liberté que là-bas, nous devons nous faire un devoir de faire connaître la vérité sur ce régime qui est la honte de
l'humanité. Et nous, catholiques, devons prier pour que le Seigneur vienne en aide à nos coreligionnaires vietnamiens.
Francis Richard
Nous en sommes au
557e jour de privation de liberté pour Max Göldi et
Rachid Hamdani (de droite à gauche), les deux otages suisses en Libye