Comme il fallait s’y attendre, Martine Aubry a mangé son chapeau !
Après voir admis qu’éventuellement, sous certaines conditions et notamment
de tenir compte de la pénibilité du travail, on pouvait imaginer de faire
passer l’âge légal de départ à la retraite à 61 voire 62 ans, Martine Aubry
sous la pression de ses militants et de ses petits collègues, a fait purement
et simplement marche arrière !
Il faut dire que les
critiques à son égard avaient été quelque peu acerbes !
A la gauche du PS, l’occasion était trop belle et on n’y pas allé avec le
dos de la cuillère :
Ce fut Gremetz (PC) qui invoque la mémoire de François Mitterrand :
« (…) C'est un désaveu de toute la politique de 1981 mise en œuvre par
les dirigeants actuels du PS (…) » !
Puis évidemment Mélenchon, qui, toujours plein de nuances, dénonce
« un mauvais coup au mouvement social et donc à toute la
gauche » !
Très significative également a été la réaction du facteur Besancenot :
« Avant même que la bataille sociale ait lieu, le Parti socialiste commence
la campagne des régionales en disant 'on est déjà prêt à trouver un accord, il
faudra travailler plus longtemps'. C’est une réponse libérale" »…. le PS
se dit prêt à trouver un accord, vous vous rendez compte ! … trahison
!....l’injure suprême est même lâchée «une réponse libérale »
!!!!
Même au sein de son propre parti, les réactions ont été véhémentes et
certains se sont empressés de la contredire comme Benoît Hamon ou Henri
Emmanuelli parlant de « très mauvais symbole » !
En bref, Pour Martine ce fut la retraite de Russie !
Pourtant, parler d’un décalage à 61 ou éventuellement 62 ans et sous
conditions par-dessus le marché, ne paraissait pas constituer un revirement
idéologique digne de la guillotine !
D’autant plus, qu’après tout, l’âge légal de départ en retraite n’a somme
toutes pas grosse signification puisque ce qui compte c’est bien le nombre
d’annuités de cotisations nécessaires pour bénéficier de sa retraite à taux
plein !
Mais non, c’est une question de principe, comme l’a bien dit Jean-Claude
Mailly invité de l’émission « 17 heures politique » sur iTélé,
« Le droit de faire valoir ses droits au départ à 60 ans n’est pas
négociable » !...pas négociables, tout est là !!
Le fait que, entre 1983 et 2009, les hommes ont gagné sept ans d’espérance
de vie et les femmes presque cinq ans importe peu !...un droit est un droit,
peu importe que le contexte ait profondément changé, peu importe !!!
D’ailleurs, ce même Dailly ne comprend pas « pourquoi, parce que
l’espérance de vie augmente, on doit travailler plus longtemps »
(sic) !
Mais non, Monsieur Dailly, ce n’est pas parce que l’espérance de vie
augmente que l’on doit travailler plus longtemps, mais avant tout, parce que
nous en sommes à un déficit de l’ensemble des régimes de retraite estimé à
environ 25 milliards d’euros (pour 2010).
Ce qui signifie tout simplement, qu’en l’état nous ne finançons pas, et loin
s’en faut, les retraites de nos ainés ! Et que, plus grave encore, la
tendance ne vas pas aller en s’arrangeant, le poids des retraites par actif va
devenir de plus en plus lourd !
Compte tenu de cela, il y a plusieurs paramètres sur lesquels il est
possible d’agir et travailler plus longtemps en est un !!!!...voilà Monsieur
Dailly !!!!
Le sujet est d’importance nationale et tout le monde a intérêt à ce que la
meilleure solution possible soit trouvée pour y apporter une réponse.
Malgré cela, le PS et toute la Gauche refusent le débat !
Rappelons quand même que le PS, en son temps, je parle de celui de Jospin,
s’était bien gardé de s’attaquer à un sujet qui, quelles que soient les mesures
prises, ne pouvait que rendre impopulaire. En clair il s’était joyeusement
dégonflé laissant à ses successeurs le soin de se coltiner le boulot
!
Aujourd’hui, face à une situation complexe et grave à laquelle elle n’a
jamais été capable d’apporter une réponse cohérente, l’opposition fait encore
une fois le choix de la démagogie !
Consciente qu’il n’y a pas de réelle solution qui ne soit déplaisante à
entendre, la tactique de l’opposition consiste à faire de l’obstruction
systématique en se cachant derrière le beau et sacro-saint concept d’acquis
social et le tour est joué !
Peu importe si ça revient en réalité à fermer pudiquement les yeux sur le
problème et, de fait, à continuer à recourir à l’endettement en pensant très
fort « après moi le déluge » !
Peu importe, d’autant plus que les tenants de cette technique ne se
dévoilent généralement pas aussi clairement. Vous n’entendrez jamais quelqu’un
vous dire « Pas de problème, on n’a qu’à laisser les générations futures
se démerder pour financer nos retraites ! »…Non, non, c’est beaucoup plus
subtil que ça !... il suffit simplement de refuser toute solution qui suppose
de faire un quelconque effort, au nom des acquis sociaux que l’on ne peut, par
définition, pas remettre en cause !
Augmenter l’âge légal de départ en retraite, vous n’y pensez pas c’est un
acquis social !
Augmenter le nombre d’annuités à travailler, vous n’y pensez pas c’est un
acquis social !
Diminuer les pensions, vous n’y pensez pas c’est un acquis
social !
Cotiser plus, vous n’y pensez pas vous allez plomber notre misérable pouvoir
d’achat !
De cette manière, on est gagnants sur les 2 tableaux, d’une part en donnant
la fausse impression de défendre les intérêts de sa clientèle politique et
d‘autre part en rendant plus difficile encore, pour le Gouvernement, la
recherche d’un consensus national sur un sujet qui pourtant le
mériterait !
Et puis, comme il faut ne pas avoir l’air trop irresponsable, on balance
ensuite une belle proposition bien démago comme par exemple de faire payer les
entreprises en supprimant les exonérations de charges sociales dont certaines
peuvent bénéficier !
Il parait évident qu’il n’y a pas de solution miracle pour régler de manière
pérenne la question des retraites, il faudra choisir la moins mauvaise et de
préférence une solution qui ne fasse pas peser sur nos enfants l’intégralité de
l’effort financier. Ils vont déjà se coltiner une dette pharaonique, il n’est
peut être pas nécessaire d’en rajouter !
En tout état de cause, on peut raisonnablement penser que la solution
optimum consistera à jouer sur une combinaison de paramètres et des paramètres
ils n’y en a pas des masses. Il est à la fois irresponsable et absurde
d’engager une réflexion de ce type en interdisant d’entrée d’explorer certaines
options pour des raisons idéologiques ou de petite politique !
Compte tenu de la gravité du sujet, on est en droit d’attendre de la part
des forces politiques responsables des propositions dignes de ce nom et le
débat qui va avec ! …pour le moment, le moins que l’on puisse dire c’est
que ces propositions se font rares et le débat inexistant, après la retraite de
Russie pour Martine, je crains que ce débat ne tourne en une pitoyable bérézina
!