L’actualité nous met parfois de bonnes grosses gifles dans la figure. La dernière fois que c’est arrivé, c’était il y a … quelques jours, avec le dernier barouf médiatique proposé par notre délicieuse presse nationale, toujours prompte à tenter une pignouferie. Et pendant une poignée de jours, on a entendu parler que de ça : Woippy par ici, jeunes en scooter par là.
Tiens, pour rire même si le sujet ne s’y prête guère, je vous fournis le lien sur l’article de Libération, exemple typique de ce qu’on peut trouver, de gluance et de novlangue baveuse. On y trouve du jeune, de la fuite devant un contrôle de police, et une mort tragique dans la fleur de l’âge. Snif.
Les faits, une fois débarrassés de leur gangue de novlangue, donnent ceci : trois olibrius, se croyant très malins, roulent à trois sur un scooter (infraction n°1), volé (infraction n°2), sans casque (infraction n°3), sans lumière (infraction n°4), trop vite (infraction n°5), sans papiers (infraction n°6), refusent de s’arrêter devant un contrôle de police (infraction n°7), prennent un sens interdit (infraction n°8) et perdent le contrôle de leur véhicule (ce qui constitue aussi une infraction, stricto sensu, la n°9).
Eeeeh bien mes petits amis, tout ceci aura donné lieu à une belle crise de larmes au pays de l’Egalitarisme Triomphant et bien évidemment, la population locale aura dignement enterré son mort et pleuré ses blessés en exprimant sa déception.
Pour rappel, là encore si on retire la balise <novlangue> du flux RSS de la presse nationale, ça veut dire que les lascars, plus ou moins en cheville avec les voyous accidentés, se sont défoulés en brûlant des voitures, bousillant du mobilier urbain et en coûtant une fortune au contribuable avec la mobilisation d’un paquet de CRS qui auraient très probablement préféré passer une soirée tranquille au chaud chez eux.
En somme, cette réalité nous a rappelé qu’un triplet de voyous qui gagne haut la main un Darwin Award amplement mérité, ça vaut dans les 300 articles dans les Actualités Google.
Et maintenant, intéressons-nous à la mort tragique d’un certain Patrice Point.
Il s’agit d’un policier, major au moment des faits. Il est mort, écrasé par le 4×4 de petites gouapes surprises en plein cambriolage et qui lui ont foncé dessus délibérément. Si vous ne vous en rappelez pas, c’est normal : la presse en a un peu parlé sur le moment (c’était il y a exactement un mois, cependant – faites un effort, quoi, merde, nous ne sommes pas des poissons rouges).
Là, pour cet enterrement, la presse ne s’est pas vraiment déchaînée. On a bien eu le droit à un article de circonstance dans la presse nationale, mais ce fut tout.
Les amis de la victime, bizarrement si l’on s’en réfère aux incidents de Woippy, n’ont pas mis le feu à du mobilier urbain ou des voitures à droite ou à gauche histoire de réclamer « que justice soit faite » comme il est coutume après une mort violente. Il n’y a pas eu de « marche silencieuse » de tout le quartier, ni de cortège jusqu’au commissariat dont dépendait la victime. Il n’y a pas eu de cris des proches sur le mode « on nous l’a tué » ce qui, à contrario de certains proches pour d’autres victimes, aurait eu le bon goût de l’exactitude factuelle.
Et surtout, il n’y a pas eu de longs articles sentencieux décrivant par le menu ce qu’il faudrait faire pour que ce genre de situations ne se reproduise plus.
Mais finalement, ce qui reste évident au vu du traitement de l’actualité, c’est que la banalité des incidents de Woippy n’empêche pas le pisse-copie moyen d’en écrire des lignes et des lignes, alors qu’en face, l’occurrence tragique de la mort d’un flic laisse le même folliculaire totalement de marbre.
Les imbéciles qui s’accidentent en faisant n’importe quoi, n’importe comment, à scooter ou autrement, c’est quelque chose qui arrive tous les jours. Et le fait que la police soit éventuellement impliquée n’y change rien : lorsqu’on fait tout pour avoir des problèmes, en général, on réussit. Il n’y a pas de quoi en faire un article de presse.
En revanche, être prêt à donner sa vie pour protéger les autres (et le faire !) reste un acte qui a plus qu’une portée symbolique, et qui mériterait largement l’investissement de quelques lignes de plus dans ces poussiéreux canards qui s’étonnent d’ailleurs de leur perte progressive de lectorat…
Et tant qu’on continuera de pleurnicher sur le sort d’abrutis qui font n’importe quoi et qu’on passera quasiment sous silence les actes héroïques de monsieur Tout Le Monde, tant qu’on s’ébouriffera violemment les poils sur les problèmes de photos discriminantes d’un parti qu’on désire, au fond, stigmatisable et raciste, au lieu de se rendre compte que le bon sens et les statistiques ont largement rattrapé les bons sentiments par l’arrière avant de leur sauter dessus à pieds joints, tant qu’on se voilera la face et qu’on appellera « jeunes » la voyoucratie lamentable qui gangrène la société,
… on s’enfoncera dans les problèmes.