L'économie verte présente sur certains aspects des perspectives intéressantes et on peut se réjouir des progrès pour fabriquer mieux avec moins. Cependant, l'intervention étatique directe dans le domaine en détruit bien souvent le potentiel. Ainsi, si l'État doit intervenir dans le champ environnemental (point qui ne fera pas l'unanimité chez les libéraux), ce n'est pas par des subventions mais en faisant respecter le principe pollueur-payeur.
L'économiste Christian Gollier nous en donne une illustration très juste dans Le Monde, en revenant sur la subvention massive du photovoltaïque, dont les coûts sont bien supérieurs aux gains, avec pour conséquence le gonflement d'une énorme bulle spéculative. Extraits :
« Pour inciter au développement [du photovoltaïque], un système a été mis en place, dans lequel les particuliers et les entreprises qui investissent à leur compte dans l'installation de panneaux solaires bénéficient d'une garantie de revente de l'électricité produite à EDF à un prix préférentiel pendant les vingt prochaines années.
« L'engouement pour ce système a été très important [..]. Pour tenter bien timidement d'endiguer cette vague verte, le nouveau décret a abaissé le tarif à 58 centimes d'euro, qui reste l'un des plus élevés d'Europe.
« Faut-il se réjouir de ce succès ? [..] Pour répondre à cette question, il faut comparer l'ensemble des coûts et des avantages financiers et écologiques de cet important investissement.
« Si on rapporte cette charge collective au bénéfice écologique, ce système représente un coût pour la société de plus de 1 000 euros par tonne de CO2 (tCO2) évitée, [alors que] la tonne de dioxyde de carbone devait être valorisée à 32 euros. En d'autres termes, on demande aux clients d'EDF de financer une technologie verte dont le bénéfice social est plus de trente fois inférieur à son coût social ! »
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« A l'image du photovoltaïque, il existe de nombreuses technologies vertes dont les acteurs industriels nous vantent aujourd'hui les mérites, mais qui ne passent pas la barre d'une analyse coût-bénéfice un peu sérieuse »
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« Aujourd'hui, on a l'impression que tout ce qui est "vert" est bon, un peu comme certains pensaient, avant l'éclatement de la bulle Internet, que tout ce qui était "dot-com" ne pouvait qu'être génial. [..] Nous sommes bien en présence d'une bulle verte, qui peut potentiellement détruire autant de valeur collective que l'a fait l'éclatement de la bulle Internet. »
Lire la suite : Vers l'éclatement de la bulle verte, Le Monde
Sur la même thématique, on pourra lire "Green, easy and wrong", de The Economist.
Source image : Sandia National Laboratory (US), image libre de droits