Turbulence : La peau douce [Cycle Singapour, Malaisie]

Publié le 26 janvier 2010 par Diana
Une production Malay Film Productions, Shaw Brothers, Merdeka Studios : Turbulence / Gelora (1970) est l’une des dernières oeuvres cinématographiques que le cinéaste P. Ramlee ait mise en scène (et interprété) avant de mourir prématurément d’une crise cardiaque à l’âge de 44 ans en 1973.
Kamal est amoureux d’Iman. Cette dernière vit seule avec sa mère, Salmiah. Lorsque Kamal rencontre Salmiah, une attirance nait entre eux. Le jeune homme mit à la porte de chez lui vient habiter avec les deux femmes. Une liaison commence alors entre Kamal et Salmiah jusqu’au jour où Iman la découvre et fuit du domicile. Elle se rapproche dès lors de son patron, Hamdan…
Turbulence est une œuvre surprenante, audacieuse par son propos à une époque où le conservatisme était de mise. Voir une telle œuvre aujourd’hui donne toute l’importance aux différents sujets traités. Si l’œuvre fait preuve d’audace pour l’époque, elle n’en garde pas moins cette force encore de nos jours. Il n’est pas sûr qu’elle puisse jouir encore aujourd’hui d’une exploitation dans une salle malaisienne sans subir certaine contrainte. On assiste à un film qui traite de l’amour inter-générationnel, de la trahison amoureuse mais aussi et tout particulièrement d’une famille mono-parentale dont la mère, émancipée se fait entretenir en échange de service en nature. Sans oublier une fin qui pourrait faire pâlir certains censeurs. Un tableau peu reluisant donc que P. Ramlee réalise avec des artifices kitsch qui donnent tout le charme à une œuvre vivante et sans temps morts.
Sous une musique enivrante très sixties, Turbulence dépeint une jeunesse qui s’amuse entre mini jupe, danse endiablée et l’émergence du mouvement hippie. La musique mais aussi les sons employés ont leurs importances pour le déroulement de l’intrigue. P. Ramlee emploie des sons qui pourraient surprendre en premier lieu mais qui sont utilisés à bon escient comme pour annoncer l’importance d’une scène qui aura des conséquences pour la suite des évènements. Un cheminement inexorable vers le point de non-retour. En effet, l’auteur insuffle aux images des effets sonores qui pourraient être tout droit sortis d’un film d’horreur ou bien d’un film à suspense ce qui rend l’œuvre par moment comique sans le vouloir. La démarche de P. Ramlee est donc de nous inviter dans un drame qui trouvera son paroxysme à partir d’un point de rupture qui reflètera tout le désespoir d’une femme.
P. Ramlee met en scène avec Turbulence une œuvre de référence tant sur la sensualité qu’il parvient à dégager des scènes romantiques que pour les propos développés en filigrane tout du long. On notera également une troisième et dernière partie qui seront d’une noirceur extrême. Avec un certain recul, on se surprend à voir l’existence d’un tel film qui va au-delà des stéréotypes qui régissent les films de studio. Et c’est avec un certain enthousiasme qu’on la découvre et qu’on la plébiscite. Turbulence est une œuvre à découvrir comme un film majeur et trop rare du patrimoine malaisien.
> Rediffusion dimanche 14 février 2010, 14h30, Cinéma 1
I.D.