Magazine Cinéma
Gainsbourg, vie héroïque
Réalisation et scénario de
Joann Sfar
Avec Éric Elmosnino (Gainsbourg), Laëtitia Casta (Brigitte Bardot), Lucy Gordon (Jane Birkin), Sara Forestier (France Gall), Anna Mouglalis (Gréco), Mylène Jampanoï (Bambou), Yolande Moreau (Fréhel)...
L'histoire
La vie de Gainsbourg, du jeune Lucien Ginsburg dans le Paris occupé des années 1940, jusqu'au poète, compositeur et chanteur célébré dans le monde entier. Le film explore son itinéraire artistique, du jeune homme épris de peinture à la consécration de sa musique dont l'avant-gardisme en a fait une véritable icône de la culture française. Mais aussi la complexité de sa vie adulte à travers ses amours tumultueuses.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°Joann Sfar a couru un terrible risque, se lancer sur un sujet aussi casse gueule, Gainsbourg, même si l’auteur réfute le terme de biopic, s’autorisant ainsi une certaine liberté, la vie du personnage, si intense, si connu ne serait-ce que pour ses frasques, ses femmes, dresse elle-même un cadre dans lequel l’auteur devra évoluer.
Au sein d’un casting adéquat, Eric Elmosnino entre avec aisance dans la peau de celui qui sera peintre (maudit), musicien de cabaret avant de rencontrer le succès et la gloire. L’argent et les femmes, l’amour fou déçu et le cœur à vif sombrant dans une dégringolade vertigineuse. Et toujours ses musiques semblant couler de source mais plus encore ses textes, poésie surréaliste, peuplée de rimes riches.
Gainsbourg le Genius écorché vif couche sur le papier des textes parfois brefs tels des ritournelles enfantines aux rimes exquises, parfois des poèmes de sable et de soleil, de sexe aussi, des chansons sans appel !
Les femmes autour de lui s’agitent, et difficile de garder la tête froide quand un petit démon ; il est en fait assez grand, un autre Gainsbourg en fait le versant noir, le fameux Gainsbarr toujours prêt le pousse à s’enivrer, amateur de femmes et de débauches.
Cette marionnette, ce personnage dessinée, le docteur Hyde en quelque sorte, la descente aux enfers pour Gainsbourg, dans cette matérialisation du penchant destructeur du poète, Joann Sfar réussit à renouveler un peu ce que nous croyons connaitre de l’individu.
Oui j’utilise le terme poète, et pourtant si le film et ses deux heures se sont agréablement passés la bande son, les chansons qui n’attendent qu’à être fredonnées en ce sens se suffisent presque à elle-même, car il faut avouer que les frasques du génie sur la fin, encore bien présentes dans nos mémoires finissent par lasser.
Voilou habituellement je claque la porte de tout biopic, ici si ce n’en est un cela y ressemble furieusement mais la mise en scène plus qu’originale de ce réalisateur venu de bande dessinée vaut le coup d’œil…Et puis y a la musique, prétexte plus que suffisant !
Un peu plus d’audace, puisque nous mêlions BD et Ciné, j’aurais bien vu les paras en colère convertis en pittbulls dégoulinant de rage face à un Gainsbarr le joint aux lèvres, hilare ! Et quelques autres petites trouvailles de cet acabit auraient ici eu leur place !
Revoilou en attendant je me replonge par intervalles dans « L’intégrale et cætera » soit un énorme pavé, tous les textes du Monsieur, à lire au hasard des pages et selon l’humeur.
J’alterne sur la platine « Melody Nelson » et « L’homme à tete de chou » .
[A noter prochainement
L'Homme à tête de chou:
À la façon des films noirs américains, la narration est construite en un long flashback : « moitié légume, moitié mec », L’Homme à la tête de chou revit l’histoire tragique de son amour fatal pour Marie-Lou, petite shampouineuse délurée, qui l’aura conduit à la folie et au crime. Le chorégraphe Jean-Claude Gallotta met en scène cette histoire en différents tableaux, interprétés par quatorze danseurs. Les chansons de l’album-concept de Serge Gainsbourg qui date de 1976, sont chantées par Alain Bashung sur une bande son inédite d’une heure trente, avec de nouvelles orchestrations et des musiques additionnelles de Denis Clavaizolle.
Ce spectacle événement sera créé à l’automne à la Maison de la Culture de Grenoble. Il restera plusieurs semaines au Théâtre du Rond-Point avant de faire halte dans quelques , .grandes villes]
à Roubaix notamment Colisée, salle et extrait vidéo de la chorégraphie !
Voila Gainsbourg et Baschung réunis, pour l’accord posthume et la rime : éternels et rebelles ! ( j'y serai !)
Le Site Of The Film
Chez Lo - ou comment Gainsbourg séduit encore et toujours !
CritiKat.Com "...Malgré les jeux de miroir et de lumière, on reste dans le noir, dans le facile d’une émotion de gros plans insistants, d’une chanson annoncée à grands renforts de clins d’œil (Bardot : « Écris-moi la plus belle chanson d’amûûûûr » / Retentissent alors les premières notes de Je t’aime moi non plus). Tant d’efforts dans le traumatique, d’ingéniosité dans la reconstitution d’un Paris noirci par les uniformes puis égayé par l’alcoolisme de Boris Vian -on croirait pourtant qu’Amélie Poulain va débarquer à chaque instant-, tant de didactisme martelé pour en arriver... où cela ? Mais au résultat précis que l’on attendait : un produit totalement consensuel qui se pique de controverse, qui attisera la curiosité et fera revendre d’anciens disques (tiens, tiens, le label des compilations est justement Universal, producteur du film). Sans surprise, sans regard, Gainsbourg, vie héroïque est parsemé de tics..."
Excessif.Com "...Gainsbourg (vie héroïque) fait partie de ces grands films, dont l'ambition hors-norme va de pair avec une certaine maladresse. Tout comme son héros, le film de Joann Sfar est envoûtant et mystérieux, enfumé et fragmenté..."
Le Monde.Fr - "Gainsbourg (vie héroïque)" : la vie imaginaire de Lucien devenu Serge
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