TESTAMENT. Raph Verdelhan

Par Collectif Ratures // Poésie // Grenoble




J'ai des axes, des directions,

des surfaces de contact, de bonnes raisons,

j'ai un volume, une consistance.

J'évolue dans le temps.
 

Je vis dans un cube blanc.

Sur ses parois verticales

se trouvent des taches rectangulaires

et colorées,

c'est plus gai.

Au sol un quadrillage froid

me donne un repère.
 

Je mange dans de petits disques durs.
 

Je dépense de l'énergie

pour me déplacer entre deux cubes

j'ai deux triangles en fer

et deux roues.

Je trace des lignes fnes

d'un point à un autre

à un autre à un autre

à un autre

à un autre.

J'ai des problèmes de circulation.
 

Périodiquement l'obscurité

envahit tout
 

alors
 

je m'allonge sur un pavé bleu, mou,

un rectangle de tissu blanc me recouvre,

ma tête ronde se pose

sur un carré vert ou pourpre.
 

Quand mes fonctions vitales

auront cessé,

je ne veux pas qu'on enferme mon corps

dans une caisse

et qu'on l'enfouisse dans l'épaisseur du globe.
 

J'aimerais qu'il brûle

et qu'un soufe d'air

chargé du parfum des jasmins

le disperse dans le soir

et le mêle aux embruns de la mer.