Le bus des Togolais mitraillé à l'arme lourde dans l'enclave de Cabinda ? Un épiphénomène. Trois membres de la délégation togolaise refroidis dans l'attaque ? "C'est bien fait pour eux, z'avaient qu'à pas venir en autocar !", a d'abord réagi le roi Ubu de la CAF, qui de toute façon ne s'arrête pas à ce genre de détails. Sinon, comment expliquer que l'Angola, organisateur de cette CAN 2010, ait pu obtenir sans soulever la moindre objection, de faire se tenir des rencontres dans un territoire à la légitimité discutable, enclave angolaise enkystée sur le sol du Congo Brazzaville ? Un peu comme si l'UEFA, après avoir confié l'organisation du championnat d'Europe en Turquie, la laissait organiser des matches dans la partie de Chypre occupée au nez et à la barbe des Grecs… Une interprétation sportive de la géopolitique confinant à la provocation.
Mais le père Issa et ses laquais, tout ça, y s'en tamponne. Prenez le match retour qualificatif pour la coupe du monde de triste mémoire entre l'Egypte et l'Algérie à l'automne dernier. Bus algérien caillassé dès son arrivée au Caire, joueurs blessés et intimidés, climat nationaliste outrancier. Dans un contexte pareil et pour éviter que de tels événements ne se reproduisent, le match, pas plus que la rencontre d'appui au Soudan, n'auraient jamais dû se jouer. Les Algériens auraient dû se voir qualifiés sur tapis vert. Rien de tout cela et la CAN s'apprête à voir se disputer la même affiche en demi-finale dans une ambiance évidemment survoltée. Qu'importe à Papa Issa, bien au frais dans son hôtel de luxe, les affaires sont les affaires, the show must go on… Et si, qu'à Dieu ne plaise, tout devait finir dans un bain de sang avec quelques costards en sapin bien taillés sur le terrain ou dans les tribunes, il pourrait toujours écraser de grosses larmes de crocodile en frémissant du museau. Les aléas de la vie mon bon monsieur, les aléas de la vie…