Dans le désert de feu que damnent mes pensées
Glissent furtivement de belles caravanes
Méharis au col fier échine bossuée
Arabes en burnous en quête de savanes
Moi naufragé tenace hélant un paquebot
Je leur fais des signaux courant de dune en dune
Suppliant qu’on me hisse et qu’on m’emmène au beau
Pays des orangers et des olives brunes
Merveilleux voyageur de mon Kalahari
Il me regarde enfin le chef de l’équipage
Sous son turban hautain et méprisant il sourit
Son cortège s’enfuit indifférent mirage
Ainsi chaque matin je m’accroche au destin
D’un noble sentiment qui traverse mon âme
Et s’éloigne de moi comme on laisse un pantin
Aux blonds sables mouvants où se trame son drame
Les dromadaires bruns les méharistes blancs
N’essaiment derrière eux que l’empreinte et la fiente
Il n’est plus d’oasis le ciel est accablant
Et je brûle à jamais dans ma toile d’amiante.
(Bernard Damoiseau)