Numéro 1 chez les Girondins, Cédric Carasso est devenu troisième gardien de l’équipe de France. Une ascension parfois freinée par des blessures morales et physiques.
Problème de poids récurrent, rupture des ligaments croisés en 2003, rupture du tendon d’Achille en 2007 : Carasso reste un gardien fragile. Aujourd’hui en pleine possession de ses
moyens, il réalise une de ses meilleures années.
En 1994, la France regarde la Coupe du Monde à la télé. Cédric Carasso, lui, préfère s’entrainer chez lui, à Avignon.
Déterminé, il valide en juillet 1994 son billet d’entrée pour le centre de formation de l’OM. Il est alors âgé de 13 ans et commence sa carrière
de gardien de haut niveau. Sans être flamboyant, il enchaîne les catégories de jeune puis s’exile un an à Crystal Palace en Division One (deuxième division anglaise), « pour
s’aguerrir » selon son père. Il ne participe qu’à une seule rencontre mais revient à Marseille renforcé par la culture anglaise. Problème, le portier ne joue toujours pas. Bon gardien,
efficace sans être flamboyant, Cédric Carasso cire le banc marseillais pendant deux ans.
"Trop gros" pour le haut niveau
Sa blessure au genou, lors d'un match de gala face à France 98 en 2003, est le tournant, « le jour où ma
carrière a commencé », raconte-t-il. Sur la balance, le gardien marseillais affiche alors plus de 100 kilos. Une hérésie pour un footballeur de haut niveau. Son genou ne résiste pas à
son poids qui devient le centre de ses préoccupations. Pendant sa convalescence, il suit un régime personnel à la limite du raisonnable. « Je mangeais 2 yaourts à 0% et 2 blancs de dinde
par jour. Avec 4h d’entraînement, j’ai réussi à perdre 25 kilos en 3 mois. Même les docteurs m’ont dit que j’étais fou. » Il en revient renforcé. Affuté, Carasso accepte un prêt à
Guingamp en Ligue 2 où il enchaine enfin les matches. A son retour, Pape Diouf, président de l’OM de l’époque, décide de lui confier l’intérim de Barthez, suspendu pour 6 mois. Sérieux sûr et en
dehors du terrain, Cédric Carasso devient le successeur du divin chauve.
A Marseille, de 2005 à 2008, Carasso joue 83 matches. Mais une nouvelle blessure freine sa progression. Lors d’un
entraînement à la Commanderie, il se rompt le tendon d’Achille gauche. Titulaire à Marseille pendant 3 saisons, il voit Steve Mandanda, un jeune gardien prometteur, pallier son absence. On
connait la suite: Carasso ne retrouvera jamais sa place de numéro 1. Manque de chance ou manque d’ambition, l’ancien portier de Guingamp décide de se relancer à Toulouse. Avec ce club, Cédric
gagne ses premières convocations en équipe de France. Il termine l’année meilleur gardien de Ligue 1 selon France Football. Impensable, une saison auparavant. « On m’a toujours dit,
jeune, regarde les grands gardiens, ils n’ont pas des trajectoires normales, confie-t-il. Il se passe toujours quelque chose. Ce n’est jamais tout beau, tout rose. Donc je me sers de ça
pour avancer. »
Il blesse Briand en équipe de France
Cédric Carasso reçoit sa première convocation en Bleu le 11 février
2009 pour le matche amical France-Argentine. Un cadeau car cette rencontre se joue dans son vieux chez lui, au Vélodrome. Il assiste néanmoins des tribunes à la défaite des siens (0-2).
Depuis ce matche, le gardien des Girondins est quasiment toujours appelé par Raymond Domenech comme numéro 3. Il participe aux rassemblements français mais reste toujours en retrait. Son seul
fait d’arme est de nouveau lié à une blessure. Le 25 mars 2009, lors d’un entrainement à Clairefontaine, le gardien de Bordeaux percute Briand.
Le genou de l’attaquant rennais ne tient pas le choc. Carasso marque une nouvelle le coup moralement. Il s’excuse publiquement et continue à travailler. Son statut chez les Bleus ? Il en a
pleinement conscience. « Représenter son pays, c’est magnifique, dit-il. Je ne me focalise pas sur ma place dans la hiérarchie des gardiens mais pourquoi pas s’il y a une
opportunité de jouer un jour. Quand je vois mon nom s’afficher sur une liste, c’est à chaque fois un grand bonheur. »
Sa première année chez les Bleus s’accompagne d’un excellent début de saison avec les Girondins. A la tête de la
meilleure défense de Ligue 1 (12 buts encaissés), le gardien a su imposer sa griffe dans sa zone d'intervention. « Il veut une défense qui ne recule pas trop et reste haut le plus
longtemps possible » explique le latéral bordelais Mathieu Chalmé. Champion d’automne, qualifié pour les 8èmes de finale de la ligue des champions, Carasso enchaîne les matches de haut
niveau, un choix assumé. «Il y a ceux qui se demandent pourquoi je suis parti de Toulouse, et auxquels j'ai envie de dire : pour comprendre, regardez ce qu'il s'est passé pour moi depuis six
mois à Bordeaux,» déclare-t-il juste avant le derby Toulouse-Bordeaux du 23 décembre 2009. Sa présence dans les 23 en Afrique du
Sud ne tient qu’à lui. Seule une blessure semble pouvoir changer le cours des choses.