Walter Kirn
Michel Lafon
Traduit de l'anglais par Nathalie Bru
Paru en Janvier 2010
269 pages
18,95 euros
Quatrième de couverture: Depuis des années, Ryan Bingham ne touche plus terre : son boulot - il se charge d'organiser des licenciements - le conduit d'entreprise en entreprise, de chambre d'hôtel en chambre d'hôtel, d'aéroport en aéroport.Il ne supporte plus son métier, n'a plus de maison, plus d'épouse, plus d'attache familiale, et ne se sent chez lui que dans le cocon d'une cabine pressurisée, face au sourire d'une hôtesse de l'air ou à un plateau-repas mal réchauffé. Son but dans la vie : accumuler un million de miles sur sa carte de fidélité d'une compagnie aérienne. Il y est presque, mais des turbulences pointent à l'horizon... D'une plume décapante qui dénonce avec talent et humour l'inhumanité croissante du monde du travail, Walter Kirn décrit l'implacable descente aux enfers d'un homme qui a la tête dans les nuages.
A propos de l'auteur: Critique littéraire à Time et Vanity Fair, Walter Kirn écrit régulièrement pour les plus prestigieux journaux américains.Le film tiré de son livre a été réalisé par Jason Reitman (Juno), et George Clooney incarnera Ryan Bingham, le personnage principal.
In the air, roman tout fraîs, dont le film sortira demain en salles (27/01/2010) et dont l'acteur principal George Clooney ne sera pas de trop pour promouvoir un film dont je doute qu'il cassera les taux d'audience. Ceci étant dit, le film pourrait mettre en valeur un roman qui a quelques lacunes sur le plan littéraire. Je serais du même avis que Brize, l'écriture est plate, fade. On s'ennuie. On cherche un sens à la vie de cet homme Ryan Bingham dont la tâche de consultant en management le déprime et le conduit à avoir une vie totalement organisée par les rendez-vous et un agenda serré mais qui au final nous paraît désarticulée voire chaotique. Pas d'enfants, pas de femme, pas de maison, Ryan est un homme nomade qui accumule les miles (points de fidélité sur sa carte de transport aérien) et les kilomètres, sillonnant l'Amérique, allant de rencontres en rencontres, sans toutefois se lier avec les gens. On s'ennuie presque, nous qui pensons qu'une vie faite d'hôtels, de salons et d'aéroports pourrait être palpitante. Il n'en est rien et l'auteur gagne en crédibilité notamment dans les dialogues et un certain cynisme de la part du personnage principal. Désabusé, il s'interroge derrière le hublot d'un avion. Je m'attendais à une réflexion plus poussée sur le monde du management, les impitoyables licenciements, s'attendant à une vraie critique du monde du travail. Elle y est mais reste inaccessible par des dialogues où l'on se perd, et une vision des choses vraiment très américaine. Je me suis perdue dans toutes les références aux magazines américains.Par contre j'ai trouvé un intérêt à tout ceci car en lisant le roman et à travers le personnage de Ryan, l'auteur nous donne à voir le profond désarroi d'un homme qui a perdu en quelque sorte ses repères. Il n'aime plus son travail, ses relations humaines sont dépourvues d'authenticité: il rencontre les gens, discute un moment avec eux le temps du trajet, prend des rendez-vous avec des femmes mais il ne ressent pas grand chose. Non pas qu'il n'aime pas les gens, mais son boulot, ses incessants voyages l'ont complètement déconnecté de la réalité, de la vie auprès des gens. Et c'est intéressant de voir cette déconnexion, ce décalage entre les gens normaux, qui ont une vie tout à fait banale (femme, enfants, maison) et lui qui se sent "à part", hors de tout ça car finalement le seul lieu où il se sent bien c'est à l'aéroport. Flippant non ? Le lieu même où les gens ne font que se croiser. J'ai bien aimé aussi le fait qu'il lise des guides de conversation ou Enrichir son vocabulaire pour l'aider à communiquer justement, c'est très drôle et ceci rajoute à l'ironie de sa situation lui qui est en management, il devrait avoir le contact humain facile et ne pas se poser de questions sur "comment aborder la discussion avec mon voisin".
Même si ce n'est pas un de mes romans préférés, il a suscité nombre de réactions et de réflexions et je trouve que rien que pour cette bonne raison, il faut le lire. Si Brize, et beaucoup d'autres comme moi se sont ennuyées, je suis sûre qu'il trouvera des lecteurs à qui il correspondra. Je remercie Silvana et les éditions Michel Lafon pour l'envoi.