L'émission télévisée d'hier est un recul de démocratie pour substituer une politique basée sur l'émotion superficielle et éphémère.
Le format technique retenu pour l'entretien avec le Président de la République montre toutes les limites de telles méthodes.
L'exemple de l'automobile est caricatural en la matière.
Hier, il a été question du "sauvetage de Renault". Sur ce dossier, dans le JDD, le lendemain de son entretien avec Carlos Ghosn, le Président de Renault déclarait "On ne m'a riend emandé de précis".
Plus tard, Claude Guéant annonçait que l'Etat aurait deux représentants au Comité Stratégique de Renault. Mais ce Comité n'existe pas à ce jour ...
Renault confirme toujours que la future Clio 4 sera majoritairement fabriquée en Turquie, la production à Flins servant de variable d'ajustement en fonction du succès de la Zoe, première voiture électrique de grand ediffusion lancée en 2012.
Quant à Heuliez, autre dossier emblématique, le dossier ne connaît pas d'avancée pratique majeure au-delà des déclarations à répétition.
Un tel format reste à un niveau de généralité avec un déséqulibre d'expertise qui ne s'apparente en rien à une épreuve sérieuse d'explications. Tout n'est qu'émotion.
C'est vraiment un sur-mesure pour corriger une image par des touches purement visuelles sans ouvrir un seul dossier sérieux sur des bases réellement contradictoires.
Nicolas Sarkozy a repris la technique de Tony Blair. Lors de sa dernière campagne de mai 2005 marquée par un nouveau succès dans des circonstances particulièrement délicates en raison de l'engagement en Irak, Tony Blair a gardé une " communication d'avance " tant sur le fond que sur la forme.
Sur le fond, il a accepté d'assumer le face à face avec les citoyens dans des conditions que peu de leaders contemporains ont mis en oeuvre. Il en enduré les reproches, les colères … dans des conditions qui ne pouvaient que susciter l'émotion voire le soutien. La colère s'est alors exprimée dans les rencontres sur les plateaux TV et non plus par le vote.
Le vote est intervenu dans un contexte différent puisque la violence des critiques avait "purgé" le climat et permis presque un retour d'opinions favorables considérant que Tony Blair ne méritait pas de tels reproches.
C'est ce que l'équipe de Blair appelait "la corvée d'écoute".
C'est cette technique qui a eu lieu hier. Il aurait eu 11 syndicalistes CGT face à lui, l'émission aurait été encore plus bénéfique pour le Président de la République.
La question de l'instrumentalisation des médias est bien au coeur de la vie politique française. TF1 a conforté bien involontairement les remarques de Vincent Peillon en mettant en oeuvre un format de ce type.