Voici mon baptême du feu pour la mise en ligne d’article sur ce blog après moult commentaires.
Depuis plusieurs mois que je consulte GreenIT.fr, la plupart des articles traitent de sujets sur la mise à disposition au grand public d’équipements toujours plus économes, toujours plus branchés, toujours plus de fonctionnalités dont la grande majorité des opérateurs mobiles et autres fabricants se vantent.
Pourtant le constat reste le suivant :
- 315 millions de PC à la décharge entre 1997 et 2004, 55 millions en 2007 dont la plupart étaient encore en état de fonctionner.
- 50 Mt DEEE / an / monde en 2008, 75 Mt prévus en 2012
- 24 Kg DEEE / français / an
- 2/3 des piles et batteries ne sont pas collectées
- chaque PC contient assez de mercure et de plomb (pile bouton du bios par exemple) pour polluer plusieurs m3 de terre pendant 50 ans.
Ces chiffres sont en constante augmentation. Faut-il remettre en question la capacité de nos ingénieurs et celle du consommateur à inverser la tendance ? Je pense que non, cette situation repose, à mes yeux, sur le système économique actuel (l’économie de produit), qui consiste à produire toujours plus de produits manufacturés et donc toujours plus de déchets.
L’intérêt d’une entreprise de l’IT aujourd’hui est de vendre toujours plus ses produits pour faire plus de bénéfices sans trop se soucier de l’impact de ses produits au-delà de leur vente, ce qui nous amène à un fonctionnement en « boucle ouverte ».
L’économie de produit peut-être résumée comme un transfert de la responsabilité environnementale entre chaque acteur de cette boucle ouverte, avec tous les défauts qui l’accompagnent. La société qui extraie les matières premières nécessaires à la fabrication d’un PC transmet la responsabilité des futurs déchets à ses clients qui fabriquent des composants électroniques. Ils transfèrent à leur tour la responsabilité des futurs déchets aux fabricants de carte mère qui transmettent à leur tour leur responsabilité aux fabricants d’ordinateurs. L’ordinateur finit chez le client, qui malgré son ignorance sur la gestion des déchets, se retrouve de facto responsable de la gestion de la fin de vie de son PC. Dans le meilleur cas il l’apportera à sa déchèterie, qui, par soucis d’économie ou de manque de compétences, ne saura gérer correctement ce DEEE.
Analysons maintenant le schéma type d’une économie de services (on parle aussi d’économie de la fonctionnalité). L’un des avantages de l’économie de service appliquée aux ressources matérielles est de limiter, voir d’annuler, l’effet de transfert de la responsabilité environnementale entre les acteurs.
Un fabricant de PC ne vendra plus un produit, mais louera un service. Le PC n’est plus « donné » au consommateur, mais prêté. Il reste sous la propriété de fabricant. De cette manière, à la fin du contrat ou à la fin de vie du PC, il sera proposé au client de conserver son matériel plus longtemps ou bien celui-ci sera rendu au fabricant pour être de nouveau loué à des clients moins exigeants. En fin de cycle, l’entreprise se chargera de gérer les DEEE de la meilleure manière qui soit.
Imaginez une seconde des entreprises comme HP, Dell, Leonovo et leurs millions de clients. Celles-ci prendraient directement la responsabilité de l’augmentation de la consommation d’énergie liée aux ordinateurs, et également de la gestion des montagnes de DEEE qui se présenteraient devant leurs portes. Donc, par voie de conséquence, les fabricants devraient tout mettre en œuvre pour faire baisser la consommation de leurs ordinateurs, et diminuer le plus possible le nombre de DEEE générés par leur activité (par l’usage de matériaux moins consommateurs, plus fiables et moins toxiques).
Ce type d’économie étant évidemment applicable partout et déjà présente dans certains secteurs, comme celui de l’automobile avec le système de l’auto-partage où la gestion de la voiture n’est plus la responsabilité du particulier mais de l’entreprise de location. Même chose pour le vélib’ Parisien. D’autres secteurs sont également concernés, l’entreprise Interface (fabricant de moquette) fait office de pionnière dans ce système.
Aujourd’hui encore trop peu d’entreprises IT proposent ce système. Il devient donc urgent que ce secteur se mobilise pour changer de paradigme économique en regard des conséquences qu’induisent leurs activités. Et pour que les choses changent, c’est avant tout aux donneurs d’ordre d’insuffler cette dynamique.