Aujourd'hui est un beau jour : pour la première fois de l'année, j'ai pu tendre la jambre droite sans appeler ma mère, qui ne me répond jamais (et qui n'appelle pas non plus. Mauvaise mère). Aujourd'hui est donc fête et bonheur, y'a bon le tendon (enfin, mieux).
Je ne sais pas à quoi c'est dû. Peut-être au petit bain de mer de ce matin au milieu des vagues après l'orgie de brochettes juteuses en bonne compagnie la veille. Peut-être à cette petite série d'acrobaobaties (copyright ma vieille tante) de cet après-midi, pour lequel je remercie ma cousine (merci, cousine). Je ne saisis pas très bien comment faire de la pirogue entre deux baobabs m'aurait détendu les tendons, mais les faits sont là, et tant mieux, pour une fois.
C'est peut-être aussi le temps qui passe inexorablement.
En tous cas, du coup, j'ai maintenant confiance en l'exorabilité de ma tendinite, et ça me met de bonne humeur. Pas au point de lancer des confettis dans la rue en embrassant des inconnus sur la bouche, mais suffisamment content pour oublier les coups de soleil attrapés sur les tyroliennes baobabières et presque oublier le prochain départ de ma cousine, qui suivra celui de son aînée qui nous a quittés en pleurant bien qu'elle parte rejoindre son doudou breton, et je me retrouverai seul comme les pierres avec un vieux couple acariâtre*. Nous mangerons notre soupe en silence, le bruit des cuillères résonnant dans les pièces trop grandes où ne subsiteront que l'écho mental des ris enfantins de deux greluches se pinçant les fesses (c'était tout pour l'instant émotion, vous pouvez ranger les mouchoirs)
Bon.
Donc, je suis de bonne humeur, suffisamment pour avoir la motivation pour pondre une note de blog ne racontant à peu près rien de ce week-end, parce qu'en fait j'ai aussi été convié de force à un forum des métiers dans un lycée bourgeois où j'ai croisé une ancienne ministre de l'Environnement et d'autres gens intéressants et expliquer que je ne savais pas trop ce que je faisais ni pourquoi avant de partir pour Ngaparou, manger, dormir, voir des chevals et des moutons fortement couillus, tripoter des ficelles tendues entre des baobabs du haut desquels on observait des calaos et mon premier singe sénégalais.
Et mitrailler la route sur le chemin du retour, par la fenêtre de la voiture sans regarder.
Histoire de montrer à ceux que ça intéressera à quoi ressemble le Sénégal en vrai, hors notes ironiques et notes cartes postales.
Vous pourrez donc contempler la route entre Ngaparou et Dakar de votre oeil bovin.
Alors donc, on trouve sur la route pas mal de terre rouge, avec des arbres et des bouts de terrains enclos par des murs généralement hauts d'une dizaine de centimètres, mais là y'en a plus.
Des maisons penchées.
Il y a aussi des centres commerciaux.
Des terrains de foot
Des villas de standing à vendre.
Des pâtures pour les chèvres.
Des trucs qu'on se rappelle pas ce que c'est ni comment ça se regarde.
Ho et puis j'en ai marre des commentaires.
(voilà pourquoi des fois, il y a des embouteillages à Dakar)
Ha, et je voulais finir sur un message bien dégoulinant à la destination de ceux qui se reconnaîtront.
* cher vieux couple, cela n'était destiné qu'à booster le potentiel émotion de cette note autrement dépourvu de toute forme d'intérêt, en jouant la carte David Copperfield