On ne peut donc être surpris par les « Peillonades » et les cris d’égorgés que déclanche l’apparition du Président de la République sur l’écran du soir , que chacun a le droit de zapper d’ailleurs.
Dans un article signé Sophie Landrin , le journal Le Monde fait remarquer très justement qu’il n’ y a rien de nouveau sous le soleil. “Jacques Chirac et, surtout, François Mitterrand avaient usé du (même) procédé pour s’adresser aux Français. »[…]
« On se souvient bien sûr de l’émission ”Ça nous intéresse, monsieur le Président“ en avril 1985, où le présentateur vedette du journal de 13 heures de TF1, Yves Mourousi, une fesse sur le bureau présidentiel, avait demandé à François Mitterrand s’il était un président ”chébran”. A près de 70 ans, le président socialiste lui avait répondu avec le naturel d’un adolescent: ”Vous auriez dû dire câblé!” Avant l’émission, plusieurs réunions avaient été organisées pour que François Mitterrand, à l’aide de clips, s’imprègne des mouvements de la société, jusqu’à ces tics de langage.”
Déjà, à l’époque, les cellules élyséennes prenaient sans cesse le pouls de l’opinion à l’aide de sondages qualitatifs et quantitatifs, pour essayer de connaître au plus prêt , la tendance du moment, la préoccupation événementielle de l’heure, le mot à ne pas oublier etc.
Une différence majeure cependant : Mitterrand et Chirac, par stratégie, étaient avares de paroles ; ils là sacralisaient. Ils en faisaient un évènement majeur, un repère, une balise. Le quinquennat, la lecture différente de l’exercice du pouvoir qu’il introduit, fait que le Président se veut maintenant en prise directe sur tous les sujets, y compris l’émotionnel.
“Nous avons changé d’époque, nous ne sommes plus dans un septennat où l’on pouvait gérer la durée, moi j’ai l’habitude de prendre la parole, d’aller sur le terrain. C’est l’action qui compte et non pas la gestion de la rareté de la parole” déclare à qui veut l’entendre Nicolas Sarkozy, tout est dit.
La nouvelle approche de la gestion de la parole (plus fréquente) par le Président, n’est d’ailleurs pas sans risques : il s’expose plus souvent à la critique ; il peut engendrer la lassitude devant le répétitif ; il peut s’enliser dans le conjoncturel sans lendemain. C’est la raison pour laquelle je ne comprends pas très bien l’ire des opposants. Le trop parler n’est sans doute pas l’atout décisif qu’elle semble discerner, au contraire.
Les regrets sont possibles mais nous sommes devant des données nouvelles dont Obama fournit un autre exemple et dans le même sens aux États-Unis. Il faut être réaliste et s’y faire. L’opposition devrait s’embarquer vers d’autres combats plus en prise avec les réalités. En est-elle capable ?
Pour en revenir aux “Peillonades “, il est remarquable de voir avec quelle pugnacité l’homme passe son temps à s’embourber tous les jours un peu plus profondément. Son incapacité à faire silence quand on a tort l’entraîne dans des méandres difficiles à suivre, des arguments réversibles. Les “copains” le laissent d’ailleurs ramer avec une certaine délectation.
Accusant de servilité la direction de France télévision dans le choix des sujets de débat, le voilà tout simplement dictant les siens … Il indique ce qui devrait faire la une des journaux télévisés, les sujets qui méritent reprise, ceux qui sont jetables, méprisables. Diantre, quel homme ! Imaginez le une seconde en Ministre chargé de la communication !
A sa décharge on reconnaîtra que sa nouvelle alliée, Maryelle de Sarnez , ne donne pas non plus dans la dentelle, même si elle reconnaît qu’à sa place elle se serait rendue sur le plateau de “A vous de juger“, ne serait-ce, dit-elle, que pour exprimer sa colère et sa désapprobation. Décidément le pauvre Peillon n’a pas de chance avec ses femmes liges .
J’emprunte une conclusion à “La Mouette ” : “Nicolas Sarkozy (peut bien raconter ce qu’il veut, lui ou un autre) , la question est de savoir s’il sera entendu”. C’est bien la nouvelle problématique de l’hyper-communication.
La z’ique de Makhno :