Silence, on escamote !

Publié le 26 janvier 2010 par Ruminances

C'est par la stratégie de l'escamotage que Sarko organise et oriente sa politique. En faisant diversion, il évacue les questions gênantes. Méthode basique qui, sauf accident (comme la mayonnaise quand elle est réussie), donne les résultats qu'on attend d'elle. Pendant que ça gesticule et crie d'un côté, d'un autre, on œuvre à sa convenance. Or quand un citoyen, par calcul politique ou par simple ras-le-bol, cherche à gripper la machine, on lâche les chiens, c'est la chasse à courre. Dans le registre de la diversion politique, Sarko est doué. Il faut lui reconnaître ce talent. Avisé, il a su s'entourer et se faire aider dans sa besogne par les médias, publics ou privés, dont certains patrons sont aussi ses amis.

En refusant de se rendre sur le plateau d'Arlette Chabot pour être le faire-valoir dans un débat honteusement imposé, Vincent Peillon se fait tirer dessus par les bonnes âmes du milieu. De tous côtés, on pointe en sa direction des index monosémiques. Y compris dans son propre camp, on n'affiche pas que des mines réjouies. Elle aura pris son temps, la direction du PS, avant de lui apporter son soutien. C'est que la chose est délicate. Les médias ce n'est pas une mince affaire. On réfléchit à deux fois avant d'engager les hostilités. Cela dit, le débat est bel et bien lancé. Ce n'est plus d'identité nationale dont il s'agit, mais d'identité médiatique ! De déontologie ! Du rôle du journaliste. De l'enquêteur. Du chroniqueur. De la façon dont l'information se fait ou doit se faire. C'est de liberté d'expression et d'indépendance qu'il faut parler désormais, n'en déplaise à madame Chabot (et d'autres !), jurant ses grands dieux qu'elle est innocente. Prise les mains dans la confiote, elle crie à la cabale ! Mais sa défense ne tient pas. Son exposition médiatique est trop importante. Trop de gens l'ont vue à l'œuvre. Le citoyen ne confond plus journaliste et tapis de sol.

Désormais la question est la suivante : faut-il continuer à jouer le rôle de média passe-plat ou faut-il revenir aux fondamentaux ? Depuis le refus de Peillon, on a tenté le coup du discrédit ou de l'ostracisme politique. Tous les ressorts de l'institution ont été mis en place pour dégrader l'image d'un citoyen aux yeux de l'opinion. Trop tard. Bien que, dans un premier temps, la chose a failli réussir. Heureusement que, pas dupes, des citoyens ne sont pas tombés dans le piège tendu par les pouvoirs, politique et médiatique. Du boulot jusqu'aux relations avec son banquier, en passant par la santé, les retraites et l'éducation, les sujets à soucis ne manquent pas chez les citoyens. Tout le monde attend les bonnes initiatives. Or c'est toujours par la peur que le journaux s'ouvrent, que le gouvernement s'exprime. Qu'on esquive et qu'on invente des nouvelles façons d'avoir peur. Haïti ! Voilà un pays dont personne n'a que faire depuis des lustres. Oh, la belle faille !, labourant les entrailles de la terre au bon moment ! Tremblez manants ! C'est à l'heure de grande écoute qu'on programme les sujets susceptibles de détourner l'attention des citoyens, comme l'identité nationale et l'insécurité, avec des présentateurs godillots totalement acquis à la cause.

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