L'hiver nous fait croire que le jardin est endormi. Pourtant, sous terre, racines et bulbes poursuivent leur croissance, prêts à exploser de vitalité dans quelques semaines. Idéal pour oublier folles herbes, taille et boutures, et se concentrer sur la forme du jardin. Le paysage y invite. Les feuillages et les fleurs ne sont plus là pour masquer la forme des arbres et des arbustes.
Si vous n'avez pas encore noté les emplacements des vivaces ou des arbustes à déplacer, il est temps d'y songer. Vous aurez jusqu'à la fin février, sauf dans le Midi, où la végétation peut démarrer dès fin janvier, pour transporter rosiers, hostas ou géraniums. Les vivaces généreuses seront avides de ce traitement qui vous permettra, en outre, de les diviser et de combler des espaces vides dans un massif. Géraniums vivaces, asters, anémones du Japon, hostas, euphorbes, campanules, pourront jouer sans risque les filles de l'air. Evitez en revanche de déplacer delphiniums, pivoines ou hellébores : ces plantes sont casanières.
Il n'y a rien de plus agaçant que de voir disparaître la ravissante véronique arbustive plantée il y a quelques années sous le feuillage opulent d'une euphorbe ou d'un caryoptéris. Profitez du massif dénudé pour repenser l'espace occupé par chaque plante ou arbuste. Certains d'entre eux ont pris trop d'importance et cachent des végétaux de second plan. Vous pourrez les déplacer pour créer un nouveau massif ou les installer à un autre endroit.
Autre problème : les couvre-sols. Trop vivaces, ils envahissent les pelouses ou les massifs voisins. Pas assez, ils n'occupent pas le sol comme on le voudrait. La plus grande attention doit être portée aux achillées ou aux ancolies, qui prennent facilement leurs aises. N'hésitez pas à les déplacer et à limiter leur progression, elles pousseront toujours suffisamment.
Les bordures du massif sont essentielles. Bien dessinées, franches, elles marquent la limite visuelle entre la pelouse ou l'allée et la plate-bande. En saison, les plantes auront l'air de glisser juste au-dessus du sol, donnant une impression de légèreté. Pour atteindre ce résultat, creusez une petite tranchée en bordure de massif. Au fond de cette rigole, le sable ou le gravier empêcheront l'herbe de partir à l'assaut de la végétation. On peut aussi utiliser des ardoises, des tuiles installées verticalement ou encore des briques. Pensez aussi aux circulations. Si toute votre famille s'obstine, malgré les remarques, à s'écorcher contre le rosier grimpant du coin du massif, c'est que le cheminement naturel passe par là pour rejoindre, par exemple, la terrasse de la maison. Installez le plutôt à l'entrée de la terrasse en point de vue ou au bout d'une allée, sur une gloriette ou un abri de jardin.
Profitons aussi de l'hiver pour faire une analyse de terre. On peut ainsi corriger des manques et comprendre enfin pourquoi nos rhodos demeurent chétifs. Une terre trop calcaire, trop sableuse ou très argileuse pourra être amendée pour offrir une pousse régulière à tous les végétaux.
Voyez plus loin : repensez à vos impressions d'été. Les chocs de couleurs prévus pour être harmonieux sont trop agressifs ? Déplacez les éléments aux couleurs trop décalées par rapport à l'ensemble. Ou, au contraire, renforcez l'effet palette de couleurs vives, en intercalant d'autres plantes dans les mêmes gammes de couleurs. Si, au contraire, trop de couleurs ou de formes agressent, jouez l'unité et la répétition. Vos massifs seront toujours harmonieux. Au lieu de planter un rosier dans un coin, puis une pivoine et un lupin, pensez par masse et répétez à intervalles réguliers le même végétal.
Il est temps de passer commande de vos futurs protégés à votre pépiniériste. L'occasion peut-être, aussi, de découvrir les pépiniéristes collectionneurs. Ils sauront vous conseiller en proposant des plantes rares et étonnantes.
Et je vous raconte tout cela le nez dans la dernière livraison de catalogues : Meilland, Delbard, Briant, je sens que je vais encore craquer.