Le politicien local abandonne ses adversaires locaux pour celui-là: un pur produit marketing pour adolescents attardés
En décembre dernier, je reprenais des éléments d'un entretien publié dans l’express dimanche pour débattre sur la définition d’un bon politicien. Dans ce même entretien, le président du Mouvement Militant Mauricien, parti politique revendiquant l’alternance du pouvoir politique à Maurice, disait vouloir arrêter la politique pour combattre les « jeunes gothiques ».
Je lui avais alors accordé le bénéfice du doute. Pour une fois que je me suis montré indulgent et tolérant, je me rends aujourd’hui compte de la monumentale erreur que c’était. Dimanche dernier, les radios faisaient l’écho de cette déclaration émanant de Sam Lauthan. Cette fois, il donne un nom à son combat : Marilyn Manson. Le politicien aguerri qu’est le président du MMM lui impute le nombre croissant de suicides parmi les jeunes adolescents à Maurice. Ce que Sam Lauthan désigne comme « gothique » s’apparente, en fait, à des « emo punk ». Une énième manifestation de rébellion de jeunes adolescents attardés, en conflit avec leur environnement et qui cherchent désespérément à s’exprimer à travers des symboliques contraires à ce que représentent leurs parents, issus de la culture traditionnelle orientale.
L’« emo punk », c’est aussi ridicule que ça (si les premières 30 secondes demeurent plaisantes, notez surtout les transitions s’opérant à 0:36 et 2:46 respectivement) :
C’est vrai, Marilyn Manson, au sommet de sa gloire à la fin des années 1990, avait défrayé la chronique ailleurs. Mais ce débat a été mené et s’est ridiculisé dans certains pays conservateurs. Le monde s’est vite rendu compte que Marilyn Manson est avant tout une invention de l’industrie de la musique, un pur produit marketing créé par un ancien journaliste. Et le mal qui ronge les adolescents est au-delà du contenu subliminal des chansons de Marilyn Manson.
Une douzaine d’années après, Sam Lauthan nous démontre à quel point les politiciens mauriciens sont rétrogrades, ignares et passéistes. Se préoccuper du nombre de suicides chez les jeunes adolescents est un reflexe plus que louable; c’est tout à fait logique lorsqu’on œuvre sur la scène politique et sociale. Toutefois, de là à arrêter son analyse sociologique en 2010 à l’influence de Marilyn Manson sur les jeunes est le comble du ridicule.
Une seule citation me vient à l’esprit pour conclure cet article, cet extrait du film Bowling for Columbine par Michael Moore:
Michael Moore: If you were to talk directly to the kids at Columbine or the people in that community, what would you say to them if they were here right now?
Marilyn Manson: I wouldn’t say a single word to them I would listen to what they have to say, and that’s what no one did.