Magazine Régions du monde
Pokhara, Népal
« Never give up! »
Voilà la première phrase qu’on peut lire en entrant à Shamrock School dans la ville de Pokhara.
Cet établissement de tout juste 43 élèves accueille des jeunes de tout le pays provenant de milieux défavorisés ou étant orphelins. Chaque année, les responsables font le tour des villages recrutant douze enfants talentueux et désireux d'étudier. Ils seront pensionnaires pour les cinq prochaines années de leur vie dans cette école au pied de la chaîne de montagnes himalayenne.
Pour nous occidentaux qui allons tous à l'école de façon automatique, cela n'a rien d'exceptionnel d'étudier cinq ans mais, pour un enfant nécessiteux du Népal, c'est la chance qui changera le cour de sa vie.
Ici, les jeunes ont le privilège de bénéficier d'une formation de qualité en anglais qui leur ouvre les portes de l'université où ils pourront apprendre un métier qui leur apportera certes de l'argent mais aussi, de la fierté.
On leur inculque à être autonome et que le travail acharné est récompensé. On travaille aussi à changer les vieilles mentalités en inculquant le respect de tous et chacun indépendamment du sexe, de la caste (classe sociale dans laquelle on naît) ou de la religion – concepts plutôt révolutionnaires ici.
Cette école, ou plutôt milieu de vie, est un petit havre de paix et tous les élèves s'entendent pour nous dire qu'ils y sont bien et reconnaissent la chance qu'on leur donne.
Nos voisins de palier, les Londoniens rencontrés dans le trek, nous ont invité à y passer quelques jours en même temps qu'eux dans le cadre d'un projet de volontariat avec un organisme local, le PNT (Pahar Nepal Trust). Pour y faire quoi? C'est plutôt flou au début mais, l'expérience nous tente.
La veille de mon premier jour de classe, comme à chaque rentrée, je suis un peu stressée. N'étant pas la personne la plus volubile, je me demande bien ce que je vais y faire et regrette un instant de m'être embarquée là-dedans!
Dès mon premier pas dans l'école, mon stress se dissipe devant l'accueil chaleureux de tous les enfants. Chacun nous tend la main pour se présenter à tour de rôle en nous souhaitant « good morning » !
Ils sont tous polis et souriants. Les plus vieux, qui n'ont pas de classe l'après-midi, nous font visiter l'école. Les deux filles me monopolisent rapidement pour me montrer leur chambre et me poser mille questions.
Puis c'est l'attribution des classes. Chacun de nous a une classe pour une séance de conversation anglaise. Je me sens alors comme avant un exposé oral, les mains moites et les joues rouges devant la quinzaine d'élèves qui me demandent s'ils peuvent aller aux toilettes ou s'ils peuvent regagner la classe.
Il me faut tout juste vingt minutes pour perdre passablement le contrôle, les élèves se mettant tous à parler en même temps. Je n'ai jamais été douée pour la faire de la discipline! Peu importe, je suis surprise de leur aisance et de leur curiosité. Ils posent des questions sur des sujets aussi divers que mon travail, la politique du Canada, mes goûts, ma famille, le concept de divorce inconnu pour eux, etc. Les filles me parlent du système de castes et qu'elles espèrent que leurs parents ne les forceront pas à épouser quelqu'un qu'elles ne connaissent pas. Elles me disent aussi que les femmes au Népal peuvent se faire battre ou tuer pas leur mari mais, elles, elles apprennent le karaté à l'école et ne se laisseront pas faire!
Le lendemain, on nous demande de faire une présentation sur nos études et métiers respectifs, les jeunes voulant pratiquement tous être médecin, infirmière, ingénieur ou être dans l'armée, tous des métiers particulièrement payants. Encore une fois, c'est une marée de questions qui nous assaillit, particulièrement James, ingénieur en systèmes, qui a participé à la construction d'un robot comme projet final d'étude. Les enfants aiment les robots!
Après trois jours à Shamrock School, je suis enchantée par le style de cette école où beaucoup de pouvoir et de responsabilités sont laissés aux élèves. Chacun est responsable de sa réussite et de garder sa place à l'école par de bons résultats scolaires. Ça semble faire d'eux des jeunes plus allumés et plus ouverts que ce que l'on a l'habitude de voir. Tout semble les intéresser et rencontrer régulièrement des étrangers de partout dans le monde est très enrichissant.
Certes ils ne sont que douze maximum à graduer chaque année mais qui sait, peut-être certains atteindront des postes importants dans le gouvernement ou seront professeurs et contribueront à des changements favorables pour la population népalaise. C'est un bon début.
- Nad de retour sur les bancs d'école.