Difficile de ne pas reconnaître le visage des fermiers de Steinbeck pleurant leurs terres et leurs maisons dévastées par les caterpillars, les Joad, dans celui de ces millions d'américains misérables de 2009 dont les maisons, désormais invendables, sont détruites par quartiers entiers depuis des mois. L'ironie abjecte est que les mêmes qui ont TOUT perdu en quelques mois pour vivre dans leur voiture avec leurs gamins, comme aux pires moments de la grande dépression, votèrent sans doute largement pour le candidat démocrate, saint métis Obama, pantin dérisoire pour qui veut bien ouvrir les yeux, entre les mains d'une ploutocratie de politiciens corrompus et de banquiers sans scrupules, qui tiennent les rênes de cette nation depuis des décades.
Il y a dans cette dénonciation de la misère et de la fin d'un monde fait de famille unies (la famille Joad va progressivement se désagréger au cours du voyage...) et de traditions séculaires quelque chose de profondément touchant et douloureux. Une Amérique que l'on aime, celle de Steinbeck et de John Ford, donc, mais aussi celle d'Henry Miller, d'Edgar Poe, de Faulkner, de Lasch, de Kerouac ou d'Hemingway, la peinture de cette humanité souffrante de ces hommes libres, de ces communautés broyées par la marche irréductible du Progrès ripoliné et de l'argent-roi...
Il faut souhaiter que survive cette Amérique peuplée d'hommes aux sourires innocents et aux regards purs, à l'instar de Tom Joad, alias Henry Fonda, dans le chef-d'œuvre de Ford, ou de femmes comme Florence Thompson, jeune veuve au visage émacié et entourée de ses deux petits, qui incarnera pour des millions d'américains en 1936 le visage dramatique de la Grande Dépression...
Et que crève l'Amérique d'Obama, de Bush, de Clinton, de Bernanke, de Goldman et Sachs ou de Geithner...