L’article de Melle décryptant le langage a suscité chez Dieu et moi une conversation débouchant d’ailleurs comme souvent sur une engueulade à base de “tu raisonnes vraiment comme un tambour sexiste” (pratiquée des deux côtés, je vous rassure).
Revenons donc sur la phrase “Vous êtes seule mademoiselle ?”, utilisée même si la jeune femme est avec des copines.
Pour Dieu, même si la phrase est maladroite, elle n’implique pas forcément qu’on considère qu’une femme non accompagnée d’un homme est forcément disponible. Elle implique qu’elle peut l’être. Pour lui, elle est une manière de dire que l’homme est disponible (”seul”) et se demande donc si la femme l’est également.
Il indiquait au passage que ce genre de phrases - et d’autres beaucoup plus agressives - fonctionnent parfois. Il concluait donc qu’il est difficile de savoir comment agir, parce qu’à partir du moment où cela peut fonctionner, où pas mal de jeunes femmes (et de jeunes hommes) se mettent en groupe pour draguer, il est compliqué de deviner le moment où la femme est disponible ou pas. Or, il faut bien se rencontrer et aborder à un moment ou à un autre si on souhaite une relation.
On en a conclu qu’une autre approche, plus saine, plus directe serait mal prise. Un “vous me plaisez, auriez vous envie de discuter ou de boire un verre” peut être pris par les femmes comme l’indication qu’elles sont des salopes.
A cela, j’ai souligné que cela s’expliquait sans doute par l’expérience de vie des femmes. Toute femme au cours de sa vie, fera la merveilleuse expérience des sifflets, des déclarations intempestives, des “bonjour mademoiselle, le soleil est descendu dans tes yeux” suivi d’un “eh salope tu pourrais me répondre”. Ce genre de réactions entraîne forcément chez beaucoup de femmes une méfiance vis à vis des hommes qui abordent. Se rajoute aussi la crainte d’être mal considérée ; “pourquoi m’aborde t il ? pourquoi me drague-t il -? Pour qui me prend t-il ?”
En situation de drague, la femme agit dans la passivité. Elle envoie des signaux que l’homme doit être capable d’interpréter et auxquels il doit répondre. En caricaturant, c’est le fait de faire tomber son mouchoir par terre.
C’est d’ailleurs exactement ainsi que je me suis comportée avec Dieu lors de notre rencontre. Il soulignait qu’il a vécu cela à de nombreuses reprises et trouve cela tout ausi agressif que certaines réactions masculines. Pour lui c'est assujettir l’homme ; on le met en situation où il DOIT agir (et positivement, sinon la femme se fâche, se culpabilise et se demande ce qui cloche chez elle pour qu’il ne réponde pas). Encore une fois, tout en déplorant les comportements féminins (et donc le mien), je soulignais qu’il y a toujours la crainte chez une femme qui ferait le premier pas d’être prise pour une salope.
Les codes sociaux de séduction sont profondément ancrés chez les hommes et les femmes. Une femme qui agirait de manière directe “comme un homme” serait vue comme une salope. Un homme qui minauderait, utiliserait des codes féminins, serait vu comme un homme peu viril, “une gonzesse”. La question est donc posée. Comment changer les choses afin que l’homme ne soit plus en situation de devoir absolument faire le premier pas ? Comment faire pour que les femmes agissent en tant que sujets et plus comme des objets ?
Au passage. Une petite précision qui suit les commentaires lus chez Melle.
Dénoncer une situation ne veut pas dire qu’on oublie les autres. Si je dénonce un comportement inscrit dans les codes sociaux masculins cela n’implique pas que les codes sociaux féminins sont eux, exempts de tout reproche.