A la cartoucherie de Vincennes, se produit la fââââbuleux théâtre ambulant "Footsbarn Travelling Theater", qui présente "Sorry", une création collective avec la Compagnie des fusains (dont Pierre Byland, grande figure du clown moderne) et le Cirque Werdyn (Cirque Tsigane et, entre autre, équestre).
C'est le genre de spectacle où l'on va les yeux fermés, réjoui d'avance, et avec une certaine auto-reconnaissance de sa curiosité passée, du temps où, tous les ans, j'allais en Avignon découvrir des artistes épatants.
J'arrive donc au théâtre de l'Epée de bois, suis immédiatement séduit par le charme du lieu. Je me commande un verre de vin blanc, une tarte salée (avec salade) à 4 €, le tout servi avec le sourire. (Dieu que Paris est déjà loin !)
Je m'installe dans la belle salle, la pièce commence, et là, juste devant moi, une blonde (charmante au demeurant) rit à chacune des nombreuses mimiques des comédiens.
Je peine à rentrer dans le spectacle tant elle ne parvint pas réfréner son stupide, frénétique, et souvent inopportun, rire. Ses voisins la jaugent gênés, et moi, derrière, j'éructe.
Comédiens, chanteurs, musiciens, forains et animaux s'affairent, péniblement.
Enfin, je m'efforce à entrer un petit peu dans l'histoire ; je m'attache au bon jeu de Pierre Byland, à celui du croque-mort et à une comédienne assez convaincante sur son tracteur.
J'observe le coq (mon préféré), le chat, la brebis, le poney et les chevaux, accomplir leurs tâches consciencieusement. Je déplore le jeu lamentable d'un gitan qui devrait s'en tenir à dompter ses chevaux et à se taire. Je commence à sentir une minime parcelle de la magie de ce théâtre-cirque que j'affectionne tant, puis, patatras, tout s'écroule.
Le rythme se disloque subitement, ce n'est pas décousu, c'est totalement en chantier, jusqu'à une fin avortée.
Je sors le premier, me fume une clope, et m'aperçois que parmi les spectateurs, certains sortent avec des étoiles dans les yeux. Pour eux cela a fonctionné donc.
Je me pose des questions, sur les difficultés des créations collectives, si elles ne sont pas plutôt pour les jeunes, comment gérent-ils leurs différences et leurs susceptibilités, sur le temps qu'ils ont eu (ou pas) pour monter cette créa, sur ma propre capacité à apprécier un spectacle "léger"... ?
Je m'en vais déçu, regrettant ce théâtre populaire et courageux qui embellissait mes 20 ans et que, aujourd'hui à 40 ans, je peine, désolé, à retrouver.
"Sorry !"
du 17 janvier a 28 février 2010.
Théâtre de l'Epée de bois, cartoucherie de Vincennes.