La nouvelle vie de M. Chirac

L'ancien chef de l'Etat a ouvert ses bureaux privés au « Parisien » et à « Aujourd'hui en France ». Entre la création d'une Fondation pour le dialogue des cultures, un voyage au Mali, un livre à paraître en 2008, Jacques Chirac ne chôme pas.
UN LARGE bureau moderne, des objets d'art africains un peu partout, une grande photo de Georges Pompidou et une plus petite de Martin, son petit-fils : c'est ici, au deuxième étage du 119, rue de Lille (Paris VII e ), à deux pas de l'Assemblée nationale et de l'ancien siège du RPR, que Jacques Chirac reçoit ses visiteurs et prépare le lancement de sa Fondation pour le dialogue des cultures et le développement durable. Pour la première fois depuis que l'ex-président de la République a quitté l'Elysée, il y a un peu plus de cinq mois, ses collaborateurs acceptent de faire visiter les lieux au « Parisien » - « Aujourd'hui en France » : des locaux cossus et lumineux d'une superficie d'environ 250 m 2 dans un immeuble haussmannien. Un joli parquet en bois clair, des canapés de couleurs, des murs blancs qui sentent encore un peu la peinture.
Le bureau de Jacques Chirac donne sur le boulevard Saint-Germain. Celui de Valérie Terranova, ex-conseillère à l'Elysée, et future cheville ouvrière de la fondation, a vue sur une petite cour ombragée. Les officiers de sécurité occupent une pièce à côté du coin cuisine. L'équipe, dirigée par l'ex-préfet Bertrand Landrieu, compte une dizaine de personnes, dont trois secrétaires.
« L'Afrique, c'est une destination qui s'imposait. Mais les invitations sont nombreuses »
Après des semaines de travail, les statuts de la Fondation Chirac ont été déposés début octobre au ministère de l'Intérieur. Mais celle-ci ne sera pas lancée avant plusieurs semaines, le temps d'obtenir l'agrément du Conseil d'Etat et de boucler financièrement le tour de table. Chirac a mis à contribution ses amis grands patrons. Tout un symbole, le premier voyage sera consacré à l'Afrique avec trois pays au programme dont le Mali et la Mauritanie. Hier vers 18 heures, Jacques Chirac recevait d'ailleurs le président malien, Amadou Toumani Touré (ATT), de passage à Paris, pour évoquer les modalités de ce déplacement qui devrait avoir lieu avant Noël. Il sera, entre autres, question de la problématique de l'eau et des médicaments. « L'Afrique, c'est une destination qui s'imposait, c'est bien de commencer par là. Mais les invitations sont nombreuses, elles viennent de partout et pas seulement du continent noir. On fera des choix, on répondra aux sollicitations au cas par cas », annonce-t-on dans l'entourage de l'ancien président.
Les bureaux privés de la rue de Lille sont payés par l'Etat, comme le veut la tradition sous la V e République. La fondation, elle, aura des locaux distincts qui n'ont pas encore été trouvés. Lorsque ce sera le cas, Jacques Chirac partagera son temps entre ces deux endroits, sans compter le petit bureau mis à sa disposition par Jean-Louis Debré au Conseil constitutionnel (lire encadré ci-dessous) .
« Expérience passée et perspectives d'avenir » regroupées dans son livre
Très discret depuis son départ de la présidence, Jacques Chirac prépare un livre à paraître en 2008 aux Editions Lattès. Un recueil de mémoires ? Pas seulement. « Il sera question de son expérience passée mais aussi des perspectives d'avenir qu'il veut tracer », confie un conseiller. Ce qui ne veut pas dire que Jacques Chirac souhaite revenir dans le débat politique. L'ancien président affirme avoir définitivement tourné la page le 16 mai dernier, sur le perron de l'Elysée, lorsqu'il y a salué Nicolas Sarkozy à l'occasion de la passation des pouvoirs.