Le Dakar 2010, entre beauté du sport et vive polémique.
Le Rallye Dakar vient de s’achever sur le triomphe de Cyril Despres (KTM 690 Rallye) à motos, du trio Russe Vladimir Chagin – Sergey Savosti – Eduard Nikolaev (Kamaz) en camions et du duo Carlos Sainz – Lucas Cruz (VW Race Touareg) en automobile. Reste que le Dakar 2010 n’a pas été un franc succès. Une couverture médiatique faible, de nouveaux décès et de vives polémiques (politiques et environnementales) ont, une fois n’est pas coutume, secoué une course qui commence à manquer d’argument pour justifier son existence.
Mais à quoi sert le Dakar ?
S’il est une qualité indéniable que l’on peut concéder au Rallye Dakar, c’est que c’est un sport, un vrai. Pas de ceux que l’on pratique le dimanche matin en famille. Non, le Dakar requiert une capacité physique et morale de tous les instants, à l’instar des sports extrêmes. Une sacrée aventure, ce Dakar, qui traine les véhicules et leurs équipages dans la poussière des dunes. Mais une aventure qui se révèle souvent dramatique.
Première controverse du Dakar, cette compétition est bien souvent une route vers la mort. Et si l’on peut estimer que les participants sont libres de leur sort, qu’après tout, rien n’interdit aux Skieurs extrêmes, aux pilotes de formule 1 ou aux charmeurs de serpents de jouer avec la mort, le fait est que le Rallye Dakar fait aussi régulièrement des morts parmi les spectateurs. L’édition 2010 ne fait pas exception à la règle. Dès la première étape, une spectatrice de 28 ans trouvait la mort après la sortie de route d’un participant. Un constat terrible qui fait état de 9 enfants morts sur les bords de la route, auxquels il faut ajouter de nombreux journalistes et plus de 30 concurrents. Au total, ce sont 58 personnes qui ont trouvé la mort en 29 épreuves. Une véritable hécatombe.
Autre point d’accrochage significatif entre les pros et les antis Dakar, l’impact écologique de la compétition. Sur ce point là, l’année 2010 aura permis aux organisateurs de sortir une nouvelle parade, efficace celle là. Un bilan carbone a été effectué sur l’édition 2009. Résultat, l’ensemble du Rallye Dakar émet 22 000 tonnes de Co2. A titre de comparaison, un grand prix de F1 en émet tout autant et la coupe du monde de Rugby est à 570 000 tonnes. Le Dakar ne serait donc qu’une goutte dans l’océan. La goutte de trop, pour les écologistes qui estiment que le Dakar traine beaucoup trop de boulet derrière lui et qu’avoir un bilan carbone moins élevé que prévu ne suffit pas pour entrer dans les bonnes grâces du seigneur. Amen.
Des atouts en moins.
Le Dakar avait toutefois une raison de vivre jusqu’en 2008. C’était l’une des rares compétitions médiatiques qui mettait l’Afrique à l’honneur. Or, les violences sur le continent noir et, notamment, les menaces terroristes qui pesait chaque année sur la course ont eu raison de celle-ci. Le Rallye qui avait là un formidable atout en termes d’image est désormais obligé de faire escale en Amérique du Sud. Pour l’Afrique, c’est aussi un nouveau coup du sort qui s’abat sur un continent qui n’a de cesse de se tirer une balle dans le pied. L’attentat dont a été victime l’équipe du Togo durant la CAN 2010 à Cabinda en est une triste illustration… en attendant une Coupe du Monde de football (en Afrique du Sud) qui, on l’espère, ne sera pas entachée d’incident de ce genre, alors que Johannesburg reste l’une des capitales les plus dangereuses du monde.
Dernier coup d’épée pour un Dakar déjà mal en point, la couverture médiatique n’est plus au rendez-vous. En quittant l’Afrique pour les contrées lointaines de l’Amérique du Sud, le Dakar a perdu bon nombre de ses téléspectateurs qui ne s’y retrouvent plus (un Dakar en Afrique mais qui n’arrivait déjà plus à Dakar, ce n’était pas simple, mais un Dakar en Argentine, ça n’a plus ni queue ni tête).
Les années à venir sonneront-elles le glas du Dakar comme beaucoup l’espère ? On en prend en tout cas le chemin.