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Pourquoi (tout) le monde aime Avatar

Par Labreche @labrecheblog

avatar affiche.jpgAprès un peu plus d'un mois d'exploitation, le total mondial de recettes d'Avatar dépasse ce lundi même Titanic, et son record de 1,843 milliards de dollars US. En France, le dernier opus de James Cameron vient de passer les 10 millions d'entrées, et devrait battre sans mal les 20 millions et des poussières de Titanic, qui détient toujours depuis 1997 le record devant Bienvenue chez les Ch'tis (2008). L'hexagone n'échappe pas au phénomène, bien au contraire elle est le marché le plus profitable pour Avatar, après les États-Unis.

Surtout, et contrairement à de nombreux films à gros budget, programmés pour séduire le grand public (les « blockbusters »), Avatar séduit un public aussi large que varié, et les critiques les plus exigeants. Certains compliments ne passent pas inaperçus. Par exemple lorsque David Denby, pour The New Yorker, décrit Avatar comme « le plus beau film [qu'il a] vu depuis des années » ; lorsque Manohla Dargis (The New York Times) admire le travail de James Cameron qui « a fait revenir en force l'émerveillement à l'écran » ; ou encore lorsque Kenneth Turan (Los Angeles Times) fait l'éloge d'un « extraordinaire exemple d'imagination visuelle ». Une fois n'est pas coutume, la critique française est elle aussi d'accord, et presque unanime, jusqu'aux esthètes des Cahiers du cinéma (critique de Jean-Sébastien Chauvin) ou de Libération (critique d'Olivier Séguret). Le film part maintenant à la conquête des récompenses : déjà primé aux Golden Globes la semaine passée (meilleur film dans la catégorie drame, meilleur réalisateur), Avatar triomphera à coup sûr aux Academy Awards (les « Oscars » du cinéma), le 7 mars prochain.

Le retour de la science-fiction politique

Un succès si complet qu'il met en évidence la position marginale des insatisfaits. Parmi ceux-ci, les ultra-conservateurs américains qui accusent James Cameron de paganisme et d'anti-bellicisme ; le Vatican qui rejoint les précédents sur la question religieuse ; des groupes féministes radicaux qui trouvent anormal que le peuple extraterrestre des Na'vis soit figuré avec la même inégalité physique entre les sexes que les humains ; ou encore le régime chinois qui a retiré Avatar de 1 600 écrans après qu'il eut établi un record de recettes à sa sortie, pour le remplacer par une production nationale consacrée à Confucius. À Pékin, on craint en effet que les spectateurs ne fassent trop aisément le parallèle entre les Na'vis menacés par des humains avides de ressources minières, et les petits propriétaires chinois expulsés par la force sous la pression des promoteurs dans les principales villes du pays.

Ces oppositions dessinent en négatif les raisons même qui poussent autant de spectateurs à voir, et à revoir Avatar, et à l'aimer. Car si Avatar séduit le public de science-fiction cinématographique, sur les traces des succès de la décennie passée (la seconde trilogie Star Wars, ou encore Matrix), il signifie surtout le retour à une science-fiction capable de toucher le grand public, y compris celui qui n'est pas féru de science-fiction, et qui ne va d'ailleurs pas forcément souvent au cinéma. Une science-fiction qui n'est pas là pour oublier les problèmes contemporains mais, au contraire, pour les saisir et s'en nourrir. Cela, on ne l'avait que peu vu dans les années récentes, et les véritables dystopies s'étaient faites rares, exception faite du remarquable Minority Report de Spielberg en 2002.

Avatar renoue donc avec l'âge d'or de la science-fiction politique du cinéma des années 1960-1970, un genre qui s'était alors enfin débarrassé de ses relents de série B, et n'avait pas encore cédé au clinquant autocentré du space opera. Un genre dès lors capable de capter l'attention du public le plus large, ce qui fut le cas en cette époque où Fahrenheit 451 de Truffaut (1966), La planète des singes et Soleil vert de Fleischer (1968 et 1973), 2001 : l'odyssée de l'espace et Orange mécanique de Kubrick (1968 et 1971), prévoyaient, chacun à leur manière, la fin du monde. Voilà à quoi revient Avatar : à l'engagement qui fait passer, sous d'autres formes, la science-fiction du roman d'adolescent à la littérature, comme le firent Bradbury, Orwell ou Huxley.

Anti-colonialiste, anti-impérialiste, écologiste...

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Quant aux questions soulevées par Avatar, la liste en est facile à dresser en cela que chaque thème a, à son tour, attiré d'autres critiques. Parce qu'Avatar dénonce l'exploitation coloniale, certains y ont vu un plagiat d'œuvres antérieures. Pourtant, si l'on y voit des ressemblances avec Pocahontas en raison du destin singulier d'un individu passant dans le camp des exploités, il faut aussi en voir avec Danse avec les loups, ou encore Lawrence d'Arabie. Mais il faut aussi faire d'autres parallèles, la plongée dans la planète Pandora, l'effroi de l'inconnu et le dégoût du système colonial rappellent Joseph Conrad (Au cœur des ténèbres) — jusqu'aux accusations de racisme récemment émises contre James Cameron, comme jadis contre Conrad, pour avoir décrit des Na'vis trop arriérés, incapables de résister sans un chef venu de l'ennemi. La question du monde précolonial fait aussi écho aux travaux d'écrivains africains comme Thomas Mofolo (Chaka, 1925) ou Chinua Achebe (Le monde s'effondre, 1958). Mais les Na'vis, leur cadre de vie et leurs rituels, rappellent aussi les Indiens d'Amazonie, tandis que leur langage est inspiré des maoris de Nouvelle-Zélande.

Anticolonialiste, anti-impérialiste, Avatar est aussi résolument écologiste, et parvient à éviter les écueils de cet engagement à la mode en faisant de la préservation de l'environnement un choix culturel pour les Na'vis et non un impératif scientifique. Un choix de préservation d'une identité particulière, au sens où l'espérait Lévi-Strauss. Et c'est en cela qu'Avatar dépasse les modèles des dystopies précédemment citées : car en face des humains déshumanisés, installés aux commandes de robots pour se défendre face à l'inconnu, endormis artificiellement pour leurs voyages interstellaires, venus d'une planète où, apprend-on, « il n'y a plus rien de vert », les Na'vis font aussi figure d'utopie, ne rejetant pas certains attributs de la modernité (ce fameux réseau enregistrant les voix et mémoires de leurs ancêtres, qui leur permet de télécharger des informations à volonté, en rappelle furieusement d'autres). L'utopie d'un équilibre retrouvé, entre préservation du beau et satisfaction stricte du besoin.

Quant au pacifisme parfois évoqué, on reste circonspect. Là ne semble pas le propos de James Cameron qui, bien loin du délire guerrier futuriste de Terminator, propose toutefois une esthétique de la guerre, recourt au souffle épique bien connu depuis l'Iliade, pour exalter le soulèvement, la résistance. Une guerre, donc, mais pas n'importe laquelle. Ici, les terroristes sont humains, blancs et explicitement Américains. Le saisissant effondrement de l'arbre géant qui abrite les Na'vis n'évoque pas par pur hasard le 11 septembre. Si James Cameron dénonce la guerre, c'est celle menée contre des innocents, pour une cause injuste, quelle qu'elle soit.

La prouesse technologique

Le plus étonnant, peut-être, est l'habileté avec laquelle la technologie vient soutenir les parti-pris de James Cameron. Car c'est en créant un monde en images de synthèse, cette lune virtuelle baptisée Pandora, qu'il parvient à placer l'humain en position d'étranger. Et cet homme, tentant d'accaparer les ressources qui l'intéressent au détriment de la richesse d'un monde qu'il ne connaît pas et refuse de connaître, ne va causer que malheurs. Pandora est, comme la Pandore des Grecs, dotée de tous les dons, mais cette fois c'est à l'homme qu'incombera la faute ; une humanité nettement virile, incarnée par le colonel Quaritch, parodie de lui-même, tandis que les deux seuls personnages féminins remarquables s'engagent du côté des Na'vis. L'homme, donc, ne voit sur Pandora qu'une source de maux : obstacle à sa cupidité d'abord, puis défaite, exil.

Naturellement, c'est en trois dimensions qu'il faut voir ce nouveau monde. Car il s'agit bien là du premier chef-d'œuvre du cinéma en 3D. Rien moins, pour cette nouvelle forme cinématographique, que ce que fut Le chanteur de jazz pour le cinéma parlant, en 1927 : il ne s'agit pas du premier film à utiliser la technique, mais bien du premier à la maîtriser et, plus encore, à la mettre entièrement au service du spectacle, au point de la rendre indispensable. Et que ceux qui protestent contre le gadget prennent garde : en répétant mot pour mot l'erreur de ceux qui ne crurent pas aux talkies, à jamais tournés en dérision par Chantons sous la pluie, ils oublient que l'image tridimensionnelle est un vieux rêve du cinéma. Déjà, au début des années cinquante, avait-on pu croire que la 3D envahirait le grand écran, avec plusieurs productions du magnat fou Howard Hughes, et un vrai joyau, en 1954 : Le crime était presque parfait de Hitchcock, régulièrement encore projeté dans sa version originelle en relief.

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Cette fois-ci sera enfin la bonne : du moins peut-on l'espérer. Car ce que dessine James Cameron, au-delà d'un film historique qui comptera parmi les quatre ou cinq dates du cinéma de ce siècle, c'est l'avenir de cet art confronté à tant d'incertitudes. Le cinéma était hier encore condamné, disait-on, à une mort certaine, par le développement des écrans plats, de la télévision haute définition, et du piratage sur internet. Pourtant, à ces défis, James Cameron oppose une seule réponse : l'imagination. La seule richesse qui ne s'épuise pas, capable de faire ramener le cinéma en une nouvelle jeunesse qu'il incombe maintenant à tous les autres de faire vivre. Un seul Avatar aura fait en tout cas plus pour le cinéma que cent lois Hadopi. Car contrairement à ce que le terme laisse penser, un véritable « blockbuster » n'a pas pour principale qualité de tuer la concurrence (c'était là le sens initial du terme, appliqué aux pièces et comédies musicales de Broadway, censées « faire sauter le quartier »). Au contraire, derrière un tel succès, c'est toute la production qui renoue avec le public. Les salles françaises ont ainsi attiré plus de 200 millions de spectateurs en décembre : un chiffre mensuel qui n'avait pas été atteint depuis 1982.
Ce que le succès dit de nous
Mais comme derrière tous les phénomènes de société, comme tous les succès populaires, Avatar réussit également parce qu'il nous parle de nous. Le nouveau recordman du box-office mondial demeurera comme le miroir d'une humanité doutant d'elle-même, de sa capacité à découvrir, reconnaître et sauver les richesses qui lui sont prodiguées. Et, à terme, à laisser de son époque une image meilleure que celle qu'elle a pour le moment d'elle-même.
Le cinéma de 2010 illustre en cela à quel point l'humanité change. Les succès qui dominèrent la première moitié du XXe siècle furent en effet pour la plupart des tableaux historiques, relatant les gloires et surtout les maux passés. On pense à Autant en emporte le vent (1939), pour la Guerre de sécession, bien sûr, mais aussi à Naissance d'une nation (1915) sur le même épisode, ou aux Quatre cavaliers de l'Apocalypse (1921), le plus grand succès du muet, sur la Grande guerre. En France aussi, de telles fresques dominèrent longtemps, sur le ton de l'épopée (Le Bataillon du ciel, en 1947, basé sur le livre de Kessel, au sujet des parachutistes français de 1944), ou celui de la comédie (le succès français du Dictateur de Chaplin en 1945, ou de La Grande vadrouille en 1966). Cette mise en valeur du passé cède d'ailleurs aisément à la nostalgie, lorsqu'il s'agit de conter des romances appartenant à des temps révolus et idéalisés, catégorie dans laquelle tombent inévitablement Autant en emporte le vent, mais aussi Titanic (1999).

La seconde moitié du siècle passé fut quant à elle l'ère du divertissement de masse, des spectacles pour jeunes gens. Comment expliquer autrement la mode des films de « frisson », les thrillers comme L'Exorciste (1973) ou Les dents de la mer (1975). Et la science-fiction divertissante de La guerre des étoiles (1977), de E.T. l'extra-terrestre (1982) ou de Jurassic Park (1993), demeure le reflet d'une vision optimiste de l'humanité, se mettant toujours, elle et le progrès qu'elle engendre, au service du bien, ou du moins se révélant capable de maîtriser les conséquences de ses actes. Avatar dépasse donc ce modèle, sagement guidé par ses anciens artisans, James Cameron, du réalisateur d'Alien, le retour (1986) et Abyss (1988), et Sigourney Weaver.

L'homme étranger à lui-même

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Avatar n'est pourtant pas le premier à s'aventurer dans le questionnement de telles certitudes. On a déjà cité quelques dystopies, mais celles-ci ayant en général pour principe l'exagération de nos maux contemporains — laideur urbaine, pauvreté, politique sécuritaire — n'avaient peut-être pas la puissance suggestive de l'Eden virtuel de Pandora. En revanche, le Solaris d'Andrei Tarkovski (1972), qui n'a jamais connu un succès très massif, pose de façon étonnante des questions très proches d'Avatar. Solaris, c'est le nom d'une planète conçue par l'auteur polonais Stanislas Lem et, donc, portée au grand écran par Tarkovski et, plus récemment et de façon moins convaincante, par Steven Soderbergh (Solaris, 2002). Sur Solaris, point de ressources minières mais, comme dans Avatar, une incapacité totale de l'homme à communiquer : le seul habitant de Solaris, c'est un océan immense qui en couvre la surface mais semble vivre, d'une vie autonome.

Or, comme chez James Cameron, de tentative en tentative, c'est par un truchement que la communication sera tentée. En revanche, ce n'est pas l'homme, mais Solaris qui s'y essaie, et les figures animées et pourtant sans vie qu'elle envoie aux scientifiques qui la survolent dans leur base sont issues des rêves et des souvenirs de ceux-ci : Kris Kelvin, tout juste arrivé de la Terre, est ainsi confronté à son ex-femme, suicidée plusieurs années auparavant. Nulle issue dans Solaris, bien au contraire l'homme y reste confronté à son incertitude et les avatars eux-mêmes sombrent dans le désespoir.

On pourrait croire un peu hâtivement qu'Avatar transmet un message plus optimiste que ce sommet du cinéma soviétique. Ce serait oublier que les extraterrestres, dans Avatar, sont les hommes. Et que c'est le comportement de ces derniers qui, cette fois, défie toute compréhension.

Crédits iconographiques : 1. © 2009 20th Century Fox ; 2. © 2010 WireImage.com ; 3. © 1954 Time Warner ; 4. Natalia Bondartchouk dans Solaris (1972), DR.


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LES COMMENTAIRES (1)

Par crokey
posté le 03 octobre à 02:58
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Ce film est merdique. Ils auraient pas pu se contenter de nous claquer un monde de mi hommes - mi animaux comme je l'ai toujours rêvé ? C'est abrutis sont parti nous claquer des grands singe de 2 m, bleu, sequin, avec des grandes oreilles. Et tout le monde crie au génie ! Moi je crie aux abrutis ouais, ce film est un navi oh pardon je voulais dire un navet, mais c'est quasi pareil. La musique est à chier, les extra terrestres sequin bleu de 2m 50 sont à chier, les soldat de 300 tonnes sont à chier aussi. Ils devraient plus jouer sur la crédibilité, retravailler leur thèmes musicaux, et bien plus pousser dans la fantaisie. Mais bon de toutes façons je l'ai toujours dit, sans Alexandre (c'est à dire moi), Les films (tous sauf d'humour), les dessins animés et les jeux vidéos, sont foutus. C'est moi qui ai les meilleures idées. Vous ne me croyez pas ? Mais sachez que je ne me vente pas pour rien. Je suis persuadé que je suis bourré d'idées, que ce soit dans le thème, Action, Horreur, Sci-Fi, Aventure voir d'autres encore... C'est moi le balaise. Si j'avais assez de fric pour monté 3 entreprises, une pour jeux, une pour film et une pour animations, vos diffusions à la télé serais non pourris comme on peut le voir de nos jours, mais serait plutôt d'une richesse de créativité incontournable. ;) J'emmerde avatar. J'ai le droit de le dire, encore je reconnaitrais que James Cameron à fait de bonnes choses avec Terminator 1&2 (pas plus loin), ainsi que toute la série des Aliens. Mais à part ça, il n'as fait que de la merde et avatar et certainement la plus grosse merde chez ce mec, du moins pour le moment. Merci d'avoir lu mon discours. Je sais que j'ai raison. Votez ALEXANDRE !!!