Où sont-ils tous ces mots à l'emporte-pièce , superbes de flamboyante naïveté ?
Ont-ils pris le maquis de l'océan qui nettoie les plaies et les creuse du même temps, au sel de la vie?
Sont-ils délavés, lessivés, effacés...quand le sable y est et la raison s'accorde
à force de menus compromis,
de laborieuses mais peut-être apaisantes concessions ?
Qu'en est-il des chemins trop clairs malgré les brumes matinales , des routes sans boussole ou lune victorieuse, où il faisait bon d'en jouer à se perdre, tellement ce serait sur de s'y retrouver un jour,
Ne rien savoir du froid dans des mansardes étroites où l'on poussait les murs sur les étoiles de mer, où l'amour plein la bouche troquait la poésie pour des chagrins magnifiques, griffant de leurs larmes généreuses des pages entières de souffrances rédemptrices.
Maintenant ou alors,
plus tard.
Les héros repentis blanchissent leurs variables souvenirs.
La fatigue a bon dos et campe sans vergogne dans le jardin d'hiver grand ouvert sur les inspirations des vents sans tambour mais tempête.
Où sont les chants à l'unisson, la guitare torturée qui gentiment se laissait faire pour le plaisir de s'endormir au ressac d'une tendresse cramponnée à l'universel?
Où sont les conjugaisons insolites, les expériences inédites, les cocktails aux couleurs improbables?
Deux doigts de piano, ça ira merci, que je m'envole.
Regarde derrière la glace, soulève la couverture des nuages tout à toi et respire encore doucement d'autres paysages, d'autres rêves où tu pourrais accrocher les rides comme un trophée sur tes illusions bricolées et revendiquer enfin la gloire pour chacun et la nostalgie pour tous.
Aux premières peintures du jour, quand le sommeil te lâche parce qu'il n'a plus rien à te dire, dans la pénombre des repères, pour ne pas encore déranger l'ordre du sage chaos qui t'habite, tu soulèves gentiment le rideau du grand capharnaüm qui trône en son boulevard et tu te dis qu'enfin tout peut arriver puisque tu n'attends vraiment plus rien.