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Par Toréador | janvier 24, 2010
A las cinco de la tarde…
L’ivresse de la présidentielle de 2012 commence à faire sentir ses premiers effets sur le PS. Au travers des annonces de chacun, on commence à avoir une meilleure idée de ce que l’avenir nous réserve.
Hollande : buvez (ses critiques), éliminez (ses rivaux) !
Prenons d’abord François Hollande. On le sait, une des étapes obligées pour exister et marquer le terrain, c’est de publier un livre. Le livre est à la présidentielle ce qu’un « Save the date ! » est à une soirée : on prend date. Dans le cas d’espèce, il l’a intitulé « Droit d’inventaires », expression empruntée à Lionel Jospin en 1995 lorsque celui-ci a repris le parti, après la faillite morale du Mitterrandisme.
Pour une raison que je ne m’explique pas, l’auteur y a rajouté un « s ». Peut-être parce qu’il s’agit moins de battre sa coulpe sur ses 12 années de Premier secrétaire (Hollande célèbre Lionel Jospin) que de critiquer les 3 années de mandat de Sarkozy. L’Ex a également ressorti de la boîte sémantique du parti le mot qui permet de dissimuler son égo : le mot « projet » comme dans l’expression « On est dans la construction des grandes idées pour le projet« . Sa stratégie passe par du social-centrisme ce qui suppose d’asphyxier Bayrou.
Il a enfin demandé un calendrier pour les primaires – suffisamment large pour éliminer Strauss-Kahn, suffisamment proche de 2012 pour captiver l’attention de l’opinion publique. Il faut déterminer le candidat un an avant.
Aubry : Elle changeait l’avis.
Aubry elle-aussi, y pense en se rasant les jambes, même si sa mobilité est évidemment freinée par ses responsabilités à la tête du parti. Sa sortie sur les retraites est cependant très importante pour qui veut entrevoir sa stratégie.
Premièrement, sur la forme, on constatera qu’entre son image et celle du Parti, Aubry n’a pas hésité longtemps. En annonçant son ralliement à une remise en cause du dogme des 60 ans pour la mise à la retraite, Aubry a dangereusement provoqué la gauche du PS, et fragilisé l’unité du parti qu’elle dirige.
Néanmoins – et c’est mon second point – cette sortie n’est ni anodine, ni irrationnelle. Que dix années après l’instauration des 35 heures, incarnation suprême de la rigidité idéologique du parti en matière économique, son principal artisan lance une polémique sur le départ de l’âge à la retraite, c’est la preuve que Martine Aubry veut corriger son image, la recentrer, se débarrasser de cette image d’idéologue autiste qui lui colle à la peau.
Rappelons que Martine Aubry paye ici paradoxalement l’addition politique d’une orgie à laquelle elle s’était opposée. Lorsque le PS avait adopté son programme en 1997, Aubry – en bonne fille de Jacques Delors – s’était élevée contre la réduction du temps de travail légal à 35 heures hebdomadaires, voulue par Strauss-Kahn. Sauf qu’au moment de la constitution du gouvernement, elle s’est retrouvée au poste chargé de la mise en oeuvre de ce projet dont elle ne voulait pas, avec « en face » DSK, penseur de la réforme mais désormais obligé d’en limiter les coûts budgétaires.
Desseins animés
En faisant ce mouvement, Aubry elle-aussi fait le choix du social-réformisme, et donc concurrence Hollande.
Après, on pourrait commenter bien d’autres candidats putatifs :
* DSK, pour commencer. La Belle de Washington ne sortira de son sommeil qu’à la dernière minute, si et seulement si le candidat officiel s’est planté, et que le PS vienne l’embrasser. Alors, il reviendra, en jouant sur son image de social-libéral moderne qu’il n’a pas toujours été;
* Ségolène Royal, pov’ petite Cendrillon en haillons qui récure l’âtre de sa gloire passée. L’ex-Miss PS 2007 est en cure de repos médiatique depuis qu’elle s’est décrédibilisée en se fâchant avec son propre courant ;
* Vincent Peillon, le nouveau Daffy Duck du PS, qui essaye de sortir de l’anonymat en adoptant des postures face à Royal ou face à Besson, qui cherche à capter lui-aussi le no man’s land entre la Gauche, les Verts, et le Centre et qui copie la stratégie de Sarkozy, en moins habile.
Reste que la campagne de 2012 se fera probablement autour de ces deux poids lourds que sont Aubry et Hollande.
Chacun prend ici sa revanche sur la vie : Hollande veut ré-exister après avoir été bouffé par la popularité de son ex-femme; Aubry veut jouer le match retour avec DSK dix années après les 35 heures et exorcisant les démons du passé.
Le grand message de cette compétition, à défaut d’en prévoir l’issue, c’est que les éléphants font la course au centre et que cela laisse du champ pour le NPA ou la Gauche de Mélenchon.
Tags: 35-heures, Aile gauche, DSK, François Hollande, libéralisme, Martine Aubry, présidentielles 2012, Ségolène-Royal, socialisme, Vincent PeillonSujets: Paso Doble | No Comments »