Ils ont mis la clé sous la porte ...
Béatrice Massin, chorégraphe de son état, tente de nous faire partager ses songes baroques à Chaillot. Les musiques de Purcell, Lully, Vivaldi ou Charpentier n'ont plus à démontrer leur raffinement. Leur capacité à nous plonger dans une douce rêverie est intacte malgré les siècles, merci à elles et tant mieux pour nous.
En revanche, rien de ce que prétend y ajouter Massin n'est convaincant. Ses danseurs sont livrés à des exercices d'élongation sans dynamique collective, on est souvent proche de la pure et simple gesticulation. Un essai laborieux pour créer une profondeur visuelle et des effets sur les espaces par le jeu de grands miroirs déplacés sur des roulettes n'aboutit à rien. On aurait franchement préféré le genre de glaces déformantes qu'on voit au jardin d'acclimatation, au moins le résultat eût été comique et distrayant. Là, on s'ennuie ferme.
Le ballet démarre lentement, tellement lentement d'ailleurs qu'il ne démarre jamais et qu'on finit bien vite par se dire que ces songes sont creux.
Ce ne sont pas des cauchemars, mais le genre de rêves mollassons dont il ne reste rien, tant le premier contact avec la conscience les dissipe dans l'oubli.