Roger Pierre
(1923 - 2010)
Roger Pierre, ici avec Nicole Garcia
dans Mon Oncle d'Amérique d'Alain Resnais (1980)
Si j'ose dire, Roger Pierre n'était pas Pierre Desproges. Il avait développé avec son compagnon de scène Jean-Marc Thibault une forme d'humour populaire, français, gentil. Le duo Roger Pierre et Jean-Marc Thibault était extrêmement célèbre en France dans tous les milieux. Il y a un détail qui m'a toujours amusé : des tas de gens ne savaient pas qui était l'un, qui était l'autre, ça c'est typiquement l'effet radio : on rit sans voir les visages. Mais il en était (il en est) de même de Laurel et Hardy, beaucoup ont du mal à les identifier. Un peu comme des frères siamois, qui n'iraient pas l'un sans l'autre. Mais sans effet radio.
Pourtant, la carrière "solo" de Roger Pierre aura été aussi longue que la partie "duo". Il faisait des incursions dans le cinéma "lettré" (chez Alain Resnais, notamment, et Les herbes folles aura été son dernier film), mais il restait fidèle à un théâtre de boulevard où sa fantaisie élégante excellait.
On me taxe parfois d'élitisme, mot qui m'est incompréhensible. Mais des gens comme Roger Pierre et tous ces seconds-couteaux avec lesquels il a tourné, il fut un temps, des petites choses marrantes sans prétention (qui, à l'époque ne coûtaient pas cher, à l'époque) et j'ai plein de souvenirs avec ces gens là, qui incluaient Darry Cowl (également acteur de Resnais), Jean Yanne et Francis Blanche ("qui mange un oeuf, mange un boeuf"), mais aussi Christian Duvaleix et Jean Carmet, tous ces acteurs restent chers à ma mémoire.
Toute la presse formatée, pour invoquer Roger Pierre, cite l'AFP et donc la réaction de Pierre Bellemare, qui ne fait pas partie de mon Panthéon mais dit là des choses que je pense. «Roger Pierre et Jean Marc Thibault, dit-il, ça a été un moment très précis du comique français sans aucune vulgarité, c'était avant que la vulgarité n'entre dans le comique», a-t-il déclaré sur RTL.
Vulgarité, en effet. Il pensait à quoi ? A ça ? :
Moi oui.