Mon billet sur l’État m’a laissé au milieu du gué. Je dis qu’il faut en faire un « reengineering », les mêmes services (ou un peu mieux), mais en moins coûteux. Oui, mais comment procéder ?
Au fond, le gouvernement a raison : il faut jouer sur les synergies. La décentralisation et, plus généralement, le mouvement d’individualisation de la société, fait qu’il y a concurrence entre énormément de structures qui font la même chose (chaque collectivité, par exemple, veut son école de commerce), et parfois de l’inutile (la communication est devenue un poste significatif du budget des communes). En outre, en forçant l’individu à se défendre seul, à s’assurer, à payer des cours à ses enfants… on adopte une organisation de la société inefficace, puisque ces coûts, mutualisés, seraient nettement inférieurs.
Si le gouvernement a raison sur le fond, il a tort sur la forme. Il est demeuré dans l’idéologie du dirigeant de droit divin. D’un État qui impose d’une main de fer ce qu’il sait bon pour la population. Je me demande si l’histoire de l’après guerre n’a pas été celle de notre rébellion contre cette idéologie étouffante, personnalisée par de Gaulle. C’était le message de la décentralisation : comprendre les besoins des citoyens.
Tout le monde avait raison : la centralisation et la décentralisation. La question est : comment les faire cohabiter ?
Appliquer à l’État le modèle de « l’entreprise qui marche » est une solution à cet apparent dilemme d’une centralisation des moyens accompagnée d’une délocalisation des besoins. L’analyse des conditions extérieures de la nation, combinée à celle de la volonté générale qu’elle exprime, débouche sur une stratégie, puis sur la mise en œuvre de celle-ci. L’État, comme l’entreprise, doit concevoir des outils généraux que le niveau politique local appliquera à la résolution des problèmes spécifiques qu’il rencontre. (C’est ainsi qu’est conçu le « marketing mix » d’une entreprise : des outils généraux que les opérationnels adaptent aux conditions particulières qu’ils rencontrent).
Mais cette transformation ne peut se faire sans une volonté de la population de sortir de l’égoïsme individualiste, d’adopter un comportement collectivement responsable et solidaire, d'abandonner le chacun pour soi.
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