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A la limite, le titre ci-dessus se passerait bien d'article... Je ne compte plus le nombre de femmes, jeunes et moins jeunes, qui m'ont narré leurs difficultés relationnelles avec leur mère. Les mêmes plaintes reviennent : - Elle est méchante. - Elle est tyrannique. - Elle est monstrueuse. - Elle a toujours préféré mon frère. - Elle n'a d'yeux que pour ma soeur aînée. - Elle n'aime pas mes enfants... C'est l'enfer. Toutes les filles qui entretiennent une relation toxique avec leur mère le disent et ça n'en finit jamais d'être l'enfer. Les raisons de ce déraillement amoureux avec dommages collatéraux, (tout le monde trinque dans la famille), sont connues. Elles pourraient tenir en un seul mot dont chacun s'emparera comme il le voudra : RIVALITE ! J'ai un faible pour ce vocable évocateur de rives, (passer de l'une à l'autre pour s'ensauver), d'alités, (vaste secret de l'amour malade)... J'y entends aussi l'action de river. N'y a-t-il pas là un attachement qui tient lieu de supplice, (expiatoire ?) et dont on ne se saurait se délier qu'en RIVANT SON CLOU à la mère ultra abusive ? Naturellement, décortiquer un mot est un jeu qui ne mène pas loin au-delà du plaisir ordinaire. Dans la relation fille-merde, ce huis clos théâtral et procédural, l'enfer se joue à deux. Il n'y a pas un bourreau et une victime. Il y a deux bourreaux et deux victimes dont la souffrance est un puits aux exhalaisons antérieures. La merde se transmet plus facilement aux descendants que l'amour... Et pourtant, à écouter les plaignantes, il ressort que le combat des filles et des mères est inégal. Ce n'est pas la mère qui devient anorexique ou alcoolo. Ce n'est pas la mère qui se taillade les veines. Dans son désir ou son non désir, dans sa moralité ou son amoralité, la mère est toujours légitime puisque elle est l'AUTEUR de sa fille, auteur de tous les droits... Alors, à toutes les filles qui ne veulent patauger dans la merde, j'adresse ce humble conseil : Rompez les rangs et affranchissez-vous en passant sur l'autre rive ! Plus facile à dire qu'à faire mais quel est le prix le plus lourd à payer au regard de toute une vie ? Celui de la liberté ? Ou celui du carcan pathologique.. ?