Il y a quelques jours un tiers du conseil d’administration national de la PEEP (Fédération des Parents d’Elèves de l’Ecole Publique), lassés de voir la façon dont ce conseil d’administration est dirigé, ont démissionné, provoquant ainsi une assemblée générale extraordinaire pour pourvoir à leur remplacement. Les motivations de leur démission sont légitimes et, en tant qu’ancien vice-Président de la PEEP et président de l’association départementale PEEP du Val de Marne, je soutiens leur action avec l’espoir qu’enfin les choses vont bouger et que la PEEP va revenir à ses missions fondamentales.
La PEEP a dévié de sa route. Oh rassurez vous, pas la PEEP de la base, pas celle que l’on croise dans les écoles, collèges et lycées de notre ville ou de notre Académie de Créteil et d’autres Académies de France. Celle là je la connais, je connais les responsables des associations, je connais leur dévouement au service des enfants et des parents. La PEEP qui a dérivé est celle des hautes sphères, celle qui cherche pouvoir et reconnaissance en oubliant ses fondamentaux.
Les statuts sont pourtant clairs : La PEEP est force de proposition et est indépendante de toute activité politique, religieuse ou syndicale. Et la Fédération doit aider les associations qui la composent.
Quelle est la force de proposition de la PEEP aujourd’hui ? Il suffit pour s’en rendre compte d’aller faire un tour sur le site Internet de la PEEP et y lire … et bien y lire bien peu de choses : La PEEP veut des horaires de cantine plus grands pour permettre aux enfants ayant des allergies alimentaires de manger chez eux, la PEEP propose des bibliothèques de prêts de livres dans certaines écoles (la FCPE fait pareil), la PEEP défend le « lire, écrire, compter » et la PEEP est contre les distributeurs de produits sucrés dans les écoles. C’est tout ce que sait proposer une fédération qui revendique plusieurs centaines de milliers d’adhérents ? Pour faire des propositions il faut consulter ses adhérents, réfléchir, essayer de construire l’école de demain. Mais à la place nous avons des conseils d’administrations plus préoccupés par les votes qui vont donner un peu de pouvoir ou par le choix du restaurant que par l’avenir du système éducatif.
Quelle est l’indépendance de la PEEP aujourd’hui ? Au niveau local la PEEP sait rester indépendante et c’est bien ainsi. D’ailleurs bien peu de problèmes éducatifs sont politiques. Une porte à changer, une cour à refaire, des menus de cantine, etc. Tout cela n’est pas de droite ou de gauche. alors oui il y a certaines réformes proposées par les ministres qui se succèdent. Certaines sont bonnes, et il faut le dire et ls soutenir, et certaines sont mauvaises et il faut le dire aussi et les combattre si nécessaire ! Pour ma part j’ai toujours combattu la suppression de la carte scolaire car elle perturbe complètement la vie des écoles, collèges et lycées et créé des ghettos, notamment dans les villes denses comme en banlieue parisienne, la problématique ne se pose pas de la même manière dans les campagne. En revanche, le même ministre à mis en place le soutien individualisé et l’accompagnement éducatif et je trouve cela très bien et efficace. J’ai toujours veillé à ne pas mélanger politique et action associative PEEP. J’ai démissionné de mes responsabilités à la PEEP avant de me lancer dans une campagne électorale locale afin d’éviter la confusion des genres au maximum. Évidemment nous savons tous que les élus locaux sont souvent des anciens responsables associatifs (parents, sportifs, culturels) car ce sont souvent, et malheureusement, toujours les mêmes qui s’impliquent dans la vie locale. L’indépendance est donc un point essentiel à mes yeux que la PEEP devrait bien garder à l’esprit dans l’avenir. Face à une FCPE clairement ancrée à gauche, opposante aux réformes, défendant plus les enseignants que les enfants, il est bon d’avoir une fédération neutre et qui met en avant l’intérêt des élèves. C’est aussi pour cela que les parents se mettent à voter pour des listes isolées, trop souvent appelées indépendantes.
L’indépendance, c’est ce que cherchent les parents si on regarde les résultats des votes dans les écoles. Car oui il y a des votes dans les écoles qui sont un bon indicateur pour comprendre la vie des écoles. Curieusement, personne à la PEEP ne regarde ces chiffres, car ceux qui dirigent sont souvent les plus mal placés. Dur de justifier qu’on a des milliers d’adhérents et qu’on est même pas présents dans toutes les écoles de sa ville. Dur de justifier qu’on a des centaines d’adhérents dans une école et qu’on a parfois même pas un seul candidat PEEP pour les élections de parents. Deux fédérations PEEP et FCPE se targuent de leurs adhérents chaque année et se battent en disant que l’une est la première à avoir été créée et l’autre la plus importante en nombre d’adhérents, mais les résultats sont pourtant clairs : ni l’une ni l’autre n’est majoritaire dans les écoles primaires.LA FCPE représente 18,92 % des voix et la PEEP 3,10 % dans les écoles. En revanche les listes de parents d’élèves non constituées en association représentent 56,47 % et les listes d’associations locales non affiliées : 13,69 %. Dans le secondaire, la structure est différente car il y a les conseils de classe, l’implication des parents est différente et là les deux fédérations sont plus présentes. FCPE représente 50,68 % et la PEEP seulement 11,5 % soit moins que les listes de parents d’élèves non constituées en association : 14,98 % et moins également listes d’associations locales non affiliées : 14,91 %.
Les parents veulent de l’action locale, au plus près des préoccupations de leurs enfants. Et les associations PEEP locales voudraient que leur fédération qui brasse les millions d’euros des cotisations s’en serve à autre chose qu’à financer des voyages pour les administrateurs, à payer des enquêtes, des études, et toutes ces choses qui ne servent pas sur le terrain.
La fédération PEEP vient de lancer la « carte nationale d’adhérent ». Pour apporter plus aux adhérents ? Non pour s’assurer que les associations locales ne cachent pas des adhérents et que la fédération touche bien sa dime. Et, en échange de cette dime, elles ont quoi les associations ? Les frais de fonctionnement sont tels que la fédération ne cherche plus qu’à essayer de gagner quelques années de survie de trésorerie avant que le bateau coule. Dans ces conditions pas facile de penser à l’avenir et se lancer dans de grands projets.
Qu’est ce que la PEEP nationale aujourd’hui ?
- Des élus qui siègent dans des conseils sans compte rendu, sans réunion de concertation préalable, chacun vote selon son humeur.
- Des services relégués au minimum. J’ai mis en place un site internet pour les associations durant mon année de vice-Présidence. A mon départ, qui s’est occupé de continuer le développement du site ? Personne malheureusement. Ah si, j’ai vu que la démission a été vite actée car la liste des membres du conseil d’administration a été tenue à jour sur le site ;-).
Les associations sur le terrain veulent des outils pour communiquer, pour s’informer, pour se former. Et rien de tout cela ne sort. La PEEP continue de travailler à des statuts nouveaux pour asseoir encore plus le pouvoir d’un conseil d’administration qui ne représente plus rien.
J’espère que ce pavé dans la mare lancé par les démissionnaires (un tiers du conseil d’administration) permettra le sursaut nécessaire à la PEEP.
Car sur le terrain les associations travaillent, aident les parents et, à défaut d’avoir de l’aide de leur fédération, leurs bonnes relations et leur présence sur le terrain leur donne les relais avec les autorités académiques pour avoir des résultats et être entendus.
Tout ce qui est dans l’esprit d’origine de la PEEP est bon, laissons la direction de cette fédération à des parents qui ne sont pas là pour une carrière, pour l’espoir d’une médaille, pour se faire payer des aller-retours à Paris… Il y a des militants à la PEEP, qu’ils puissent être entendus. Sinon, il y a fort à parier que certaines associations académiques ou départementales vont se couper de cette fédération qui leur coute plus qu’elle ne leur apporte. Sur la région parisienne, par exemple, les résultats des élections de parents montrent une PEEP bien plus présente et représentative, alors pourquoi ne pas imaginer une structure inter-académique qui aura aussi du pouvoir et sera entendue. A un moment, la PEEP des Régions a été évoquée. Je suis content de voir que la dérive n’ayant fait que s’accentuer, enfin suffisamment d’élus prennent conscience du problème et pas seulement les « parisiens » ou les « alsaciens » comme je l’ai trop entendu à l’époque. Courage à vous dans cette action mes amis.
Je ne sais pas quelle sera la PEEP de demain mais je souhaite qu’elle soit celle de parents qui fassent avancer l’école.
Le communiqué des élus démissionnaires adressé aux adhérents PEEP :
Mesdames, Messieurs,
Lundi 18 janvier 2010 nous avons signifié notre démission du Conseil d’Administration de la Fédération PEEP.
Cette décision difficile est le fruit d’une mûre réflexion qui nous peine et dont nous avons mesuré toutes les conséquences pour notre Fédération.
Nous nous sommes tous présentés au Conseil d’Administration avec enthousiasme : nous voulions porter haut les couleurs de la PEEP, force de proposition indépendante.
Dès le début de notre mandat nous n’avons cessé d’alerter les autres membres sur les dysfonctionnements de la structure fédérale.
Une communication sans fond, en rupture avec un de nos fondamentaux : la force de proposition.
Notre communication est précipitée, dispersée et n’apporte rien aux grands débats éducatifs. Notre mouvement ne semble ne plus « rien avoir à dire »
Malheureusement nos appels à prendre du recul par rapport aux annonces ministérielles, à approfondir nos analyses, à vous concerter ont été ignorés.
Les communiqués de presse de la Fédération, écrits par une poignée d’administrateurs se sont succédés sans cohérence, si ce n’est celle d’un soutien inconditionnel et sans réserve à toute action ou proposition du ministre de l’Education Nationale.
Nous voulions être acteurs, on nous a laissé le rôle de spectateurs : nous découvrions comme vous « le positionnement de la PEEP » dans les articles de presse.
Nous devons garder à l’esprit que la richesse de notre Fédération a toujours été son indépendance et son pluralisme. Nos communiqués doivent être le reflet de ce que notre mouvement est : l’indépendance, la diversité des opinions, sa connaissance du terrain, dont vous présidents PEEP êtes les relais.
Un Conseil d’Administration déconnecté de la base et de la réalité :
Pour reprendre les paroles d’un administrateur : «le Conseil d’Administration est là pour administrer» certes…
Si administrer c’est proposer aux adhérents des réductions pour le journal de Mickey ou des avantages à la Société Générale, alors le Conseil d’Administration a bien travaillé.
Si le rôle du Conseil d’Administration est d’aider le terrain, en simplifiant le travail des présidents, en leur donnant des conseils pour la bonne marche de leur APE, en créant un véritable réseau entre nos AD et nos UA, pour permettre de s’enrichir les uns les autres de nos expériences respectives, alors le Conseil d’Administration n’a été d’aucun soutien pour nos responsables.
Lors de nos réunions d’instance de septembre, des attentes fortes ont été exprimées par les présidents présents :
- Refaire les bulletins d’adhésion et les professions de foi
- Proposer des cartes de visites personnalisables à imprimer
- Revue de presse aux présidents d’AD et d’UA
- Transmettre les comptes rendus des représentations des élus fédéraux aux présidents d’AD et d’UA
Qu’en est-il de ces propositions ?
Chaque mois, les 15 membres du conseil d’administration se réunissent avec le même ordre du jour, pour rarement travailler sur des dossiers éducatifs. Lorsqu’il nous est proposé une réflexion sur un thème, nous l’apprenons quelques heures avant. Comment dans ces conditions, travailler, préparer sérieusement un dossier ?… Ainsi samedi 15 janvier, on nous a demandé notre contribution au sujet de l’orientation et cela en… 45 minutes au cas où le Ministre demanderait notre avis… Cela tient plus à une discussion « de café du commerce » qu’à un travail construit.
Le mois dernier nous avons voté les statuts des Unions locales qui n’existent plus… mais qui finalement existent !!
Notre vision du conseil d’administration c’est faire en sorte que les décisions prises lors des instances soient appliquées, mais c’est surtout faire exister la PEEP dans les débats éducatifs, en étant porteur de propositions fortes qui montreraient notre différence face à une pensée éducative unique qui s’insinue partout.
Parce que contrairement aux promesses faites, on ne nous a jamais donné la possibilité de travailler.
Conscients que rien ne changerait, par respect pour ceux qui nous ont élus et parce que nous pensons que notre Fédération doit rester ce grand mouvement démocratique, pluriel, à l’écoute des parents, nous n’avions pas d’autre alternative que de démissionner.
Nous espérons que vous comprendrez notre décision ; quant à nous, nous resterons disponibles et à votre écoute.
Soyez Assurés de notre profond dévouement à la PEEP,
GARRIGOU Sylvette Présidente AD 67 (ex Membre Conseiller)
GUERIN Odile Présidente UA Dijon (ex Secrétaire Générale Adjointe)
JAMIN Marie Dominique Présidente AD 64 (ex Membre Conseiller)
MARTY Valérie Présidente AD 92 (ex Membre Conseiller)
PEYSSON Yves Président UA Lyon (ex Membre Conseiller)