Les dernières déclarations de Martine Aubry sur la retraite à 61 ou 62 ans , ne sont pas anodines. Elles suivent les positions de Rocard, Manuel Valls et d’autres dirigeants en la matière. Là, ce n’est pas simplement des dirigeants dont chacun connaît les positions droitières, c’est la déclaration de la Première Secrétaire nationale du PS. Celle qui théoriquement s’exprime au nom du Parti. Benoit Hamon s’empresse de rectifier, lui le porte parole, du même Parti.
La position de Martine Aubry, n’est d’autant pas anodine, qu’ils sont nombreux à partager la même attitude. Ce n’est pas une erreur de sa part mais bien un acte politique délibéré. La direction du PS est gêné car le problème des retraites pose un problème avec une parti de sa base présente dans les mouvements sociaux et une aile gauche entre 15 et 20%, indispensables à Martine Aubry pour maintenir une position majoritaire particulièrement fragile. Elle veut savoir si la « couleuvre » peut passer, dans un monde habitué à avaler des « boas » sans broncher. Encore que tout dépend de la taille des reptiles en question ,et pour qui.
La Première Secrétaire a néanmoins dévoilé qu’elle est pour repousser l’âge de départ à la retraite et qu’elle s’inscrit dans la logique défendue par la droite et le MEDEF. Logique reprise par la direction de la CFDT depuis quelques années. Martine Aubry est au moins assuré de ces soutiens dans la logique qu’elle reprend à son compte et il y a au moins un lien avec la centrale syndicale et la même logique conduit au même résultat. Au PS, deux logiques s’affrontent de manière feutrée, entre les congrès . Il est évident qu’aucun courant pour aussi social libéral ne présente une telle proposition sur une motion de Congrès , compte tenu des enjeux de pouvoir, pas plus que l’alliance avec le Modem, ce serait suicidaire. La vérité est tue .
A la logique étroite et réactionnaire de l’allongement de l’âge de départ à la retraite. Etroite, puisque qu’elle ne prend en compte que le rapport actifs- retraités et réactionnaire parce que ce n’est pas dans le sens de l’histoire et du progrès. Il n’y a jamais eu autant de richesses produites et accumulées de toute l’humanité. En 45, il n’y avait pas un rond. Que les exonérations de cotisations sont de plus en plus importantes et rarement compensées et que l’Etat se sert et ne rend pas. Le niveau de fraude n’a jamais été aussi élevé de l’histoire de la République et particulièrement depuis la création des caisses par répartition et que ce qui est du est au moins égal à l’insuffisance de recettes. Proportionnellement le déficit de l’Etat est supérieur à celui des caisses et on ne propose pas de supprimer l’Etat pour autant. Pour les caisses de retraites, ce n’est pas de déficit qu’il s’agit ,mais bien d’insuffisance de recettes et la nuance est de taille. De plus l’Etat puise sur des recettes qui ne lui sont pas destinées . Cela ne semble pas être la logique de Martine Aubry.
Les différentes études et les rapports commandés par les pouvoirs successifs , tentent de justifier un allongement du temps et de la durée du travail, curieusement aucune n’envisage l’augmentation du prix de la force de travail (salaires) ni une quelconque reprise. Aucune n’aborde l’insuffisance de recette et certaines vont même jusqu’à recommander une baisse de la masse salariale et des cotisations patronales ( ce qu’ils appellent des charges). Le système des retraites actuel, par répartition, serait selon certains un frein à la compétitivité actuelle.
Il y a bien deux logiques qui s’affrontent à l’intérieur du PS, l’une de droite, l’autre de gauche. Affrontements et cacophonie ne sont pas terminés, sur le problème des retraites et comme les Congrès ne sont pas organisés pour débattre des vraies questions pas plus que pour définir une ligne politique, positionnement de pouvoir oblige. La question est en suspend et personne n’est dupe sur ce que réserve le PS à l’avenir.