C'est aussi le roman que notre partenaire caviste L'oenolimit a choisi pour notre chronique Un livre Un vin. Un premier roman qu'il a choisi d'associer avec le premier vin d'Emmanuel Poirmeur, Dena Dela, tirée du domaine l'Egiategia. Des noms prédestinés, on le voit bien. Le domaine signifie 'Quoi qu'il en soit', référence à la fatalité qui sous-tend le livre. Les traders et joueurs qui travaillent pour Hugues payeront cher leurs jeux d'argent, mais finalement, Hugues s'en tirera, quoi qu'il en soit...
Egiategia veut dire 'Atelier des vérités'. À la manière de Véronique, directrice de l'agence de communication, qui manipule à loisir les informations et les médias. Après tout, rien ne se crée ni ne se transforme... Quant à Dominique, il est tout autant l'homme qui fait le tampon entre les uns et les autres : chantages, trahisons et menaces, un quotidien qu'il connaît bien.
Et comme il n'existe qu'un petit nombre de personnes susceptibles de profiter de l'argent du plus grand nombre, la cuvée Dena Dela est assez confidentielle, avec 10.000 bouteilles. Assemblage improbable de Colombard et d'Ugni blanc, le vin est vinifié au milieu des embruns, sur la Côte basque. Et à l'image de ces chercheurs d'or modernes, Emmanuel, en s'implantant le premier sur la côte d'Iparralde, il a frayé sur un chemin qui ne s'y prêtait pas.
L'endroit est connu pour ses plantations de pommiers et son climat n'était pas des plus adaptés pour la culture des vignes : mais Emmanuel et le vin qu'il a produit, sont à l'image d'Hugues. Rien n'est impossible. Brûler des millions d'euros en quelques secondes ou s'implanter sur une terre improbable. Réaliser la plus grande banqueroute jamais vue ou une vigne qui produit un vin blanc aussi vif que l'écriture du livre.
Le vignoble est planté dans des conditions de pression et d'agitation parfaites, exactement comme les joueurs se débattent en plein marasme. Seuls les meilleurs s'en sortent. Et comme les personnages seront momentanément soufflés par la vague de la crise économique, Egiategia est brassé par la houle marine.
Si l'on retrouve des notes de fruits tropicaux très frais et de citron vert, c'est pour entrer en écho avec l'acidité des propos de Véronique ou les saveurs onctueuses dans lesquelles les personnages plongent. Le Dena Dela, c'est avant tout un vin de caractère, que Véronique et Hugues auraient pu boire ensemble, sur le plateau de fruit de mer. (une interview d'Emmanuel est à découvrir pour en savoir plus)
Un vin à déguster avec le roman de Philippe Nicholson, parce qu'il en partage la même fulgurance, et toute l'audace...
Retrouvez Krach de Philippe Nicholson, chez notre partenaire, La machine à lire...