Et puis un jour boum. Non, plutôt BOUM. Il fallait bien que cela arrive, car cela arrive tout de même de temps en temps. On voit le film. Non je la refais. On voit LE film. Pas LE film de l’année, entendons-nous. Enfin si en l’occurrence, l’année commence, et pour le moment c’est celui-là le film de l’année. Mais bon, LE film qui donne envie de taquiner le clavier et noircir quelques lignes sur Word après de trop longs jours de flemmardise aigue, donc.
Ce film c’est Agora, d’Alejandro Amenabar. Cet Alejandro Amenabar qui m’avait ébloui avec Ouvre les yeux et Les autres, avant de me décevoir par la facilité et le pathos de son Mar Adentro. Pour son cinquième long-métrage, le cinéaste espagnol s’est plongé, et nous avec, dans l’Alexandrie du 4ème siècle de notre ère. Une Alexandrie où la dominance païenne est bousculée par la montée du Christianisme, qui menace de renverser les rapports de force religieux et citoyens de la Cité de l’Empire romain.
Amenabar, en choisissant ce cadre, ce sujet, et cette protagoniste qu’est Hypatie, une philosophe astronome respectée à Alexandrie au 4ème siècle, a compris ce qui fait le sel et la force du film dit historique : celle de commenter la société présente par celle passée, et d’envisager le futur.
Agora, s’il est un grand film par le budget, par le soin apporté à la reconstitution et l’aspect visuel, ose aller plus loin qu’offrir un spectacle. C’est un film qui se passionne pour les balbutiements de la science (l’astronomie plus précisément) et la difficile coexistence des différentes religions. C’est un film que j’ai craint (en tant qu’athée), comme je crains souvent les films qui traitent de la foi et de la religion, parce que c’est un sujet hautement intéressant mais immanquablement casse-gueule.
Amenabar ne manque pourtant pas son rendez-vous avec le sujet. Il signe un film brave sur le
D’autant qu’Amenabar ne place pas ses regards annexes dans le vide non plus. Les rapports entre maîtres et esclaves et la place de la femme dans la société se disputent une place dans ce film qui n’a pas peur de nous embarquer dans une passion scientifique inattendue. Une passion qui n’éclipse jamais la force de la dramaturgie, mais au contraire la souligne et la met en valeur.
Qu’il est bon de commencer l’année par un film de cette qualité.