La suite de la réponse à Patrick Sébastien à l’heure où l’on apprend le décès de Roger Pierre, le comparse de Jean-Marc Thibault. Un autre pan de la télé tombe avec lui. Et pardon à ceux qui ont attendu en vain un épisode la semaine passée… Faute de temps et envie amoindrie.
Je voudrais simplement de temps en temps, le plus souvent possible, si c’est…possible, que la télé me montre la Liberté, tu sais comme celle de Nelson Mandela. L’Egalité, tu sais comme celle d’Azouz Begag devenu Ministre ou Rachida Dati. Et la Fraternité comme celle de la main serrée entre Israël et la Palestine. 1993, au centre Bill Clinton, à sa droite Itzhak Rabin, à sa gauche Yasser Arafat: Israêl et la Palestine se serrant la main devant l’Amérique…Et le monde entier. Tu ne te souviens déjà plus de cette image? Je n’en suis pas étonné. Parce que la télé ne te montre quasiement plus que le mal. Et elle t’en montre tant et tant que tu ne sais plus faire la part des choses. De là à dire que la télé est le Mal, je ne le dirai pas. Il y a des pas que je ne ferai pas. Pour garder mes secrets, qui même s’ils ne sont pas d’Etat, n’en restent pas moins secrets.
Ton avis m’intéresse.
Tu vas rire, j’écoute du Bachelet. le mec qui chantait les corons. C’est cette chanson là que j’écoute. Simple, touchant, VRAI. C’est du Zola mais avec de la musique. Attends, je te vois venir, je suis pas coco. Tu vois, des fois, je pleure. Pas comme une madeleine, ou plutôt si. Mais c’est parce que je sais pas quoi faire. Alors j’écris. Cà fait du bien. Tiens maintenant c’est Philippe Lavil avec ses bambous. Sa chanson dit que le mec qui tape s’en fout mais que çà lui fait du bien. Voilà, c’est çà. Moi j’écris. On s’en fout mais çà fait du bien. Voilà, je veux être bien. C’est tout. Comme tout le monde. Et dans ma cité, j’étais bien. Non seulement c’était ma cité avec ses problèmes, mais même si je n’y suis plus c’est encore et jusqu’à mon dernier souffle, ma cité. La télé n’y venait pas. Même si un jour je fais de la télé, je ne la renierai pas. jamais. Toi qui est journaliste, amateur de sensationnalisme, amateur de voyeurisme, je ne t’accorde pas le droit de la salir. Cherches seulement à savoir pourquoi on en est arrivé là et tu auras fait ton travail. Poses-toi une seule question: Aujourd’hui, quelle est ta part de responsabilité?
Tu vas me répondre que tu n’es pas responsable de la misère du Monde. Que tu te contentes de la montrer. Tu as raison. Je vais être d’accord avec toi, histoire de ne pas jouer les bégueules. Tu as ton boulot et tu essaies de le faire du mieux possible. Je te comprends. Alors commences par virer l’oreillette que j’aperçois parce que le caméraman ne te prend pas sous le bon profil. Une fois, une seule, pourquoi ne ferais-tu pas le commentaire qui te démange. Tu vas me dire que ce n’est pas ton rôle. Que tu es là pour informer, juste informer. Les commentaires personnels n’ont pas leur place dans un journal. Par contre faire du gringue à l’antenne à une actrice, çà tu peux. Veinard, va! Hein Patrick?!
Tiens pourquoi ne ferais-tu pas comme Pascal Sevran qui se chamaille dès qu’il s’aperçoit qu’il est filmé du mauvais côté? Pascal, tu m’as déçu. Ne me surprend pas le fait que tu sois jaloux de ceux qui sont mieux montés que toi, je le suis aussi (jaloux ou mieux monté tu aurais pu choisir) mais je croyais naïvement que tu n’ignorais pas que c’est la façon de s’en servir et non la taille de l’engin qui importait. Je rigole, Pascal, et tu ne peux plus t’énerver, alors? Tu avais dépassé les bornes sur ce coup-là et je trouve que c’est dommage. C’est tout. Qu’avais-tu alors besoin de déclencher une polémique qui te dépassait. Tu étais animateur, il fallait le rester. Même si le fait de gravir Solutré te donnait parfois envie d’en faire plus. Mais bon, là où tu es, aujourd’hui tu t’en fous. J’aurais quand même aimé qu’on en parle.
Par contre tu peux remercier la Télé parce que c’est en partie de sa faute si tu as gaffé.
-Je viens de zapper la danse des canards. C’est peut-être sympa dans les mariages mais là, çà me perturbe et je perds le fil de mes pensées.
C’est devenu une habitude à la Télé de demander aux invités leur avis sur le Monde d’aujourd’hui. Sur ce qu’ils feraient s’ils pouvaient, ce qu’ils feraient s’ils voulaient etc. S’ils étaient à la place des Politiques de ce Monde et caetera (je parle couramment latin). Ce n’est pas leur rôle et je remercie la Télé -Ah! quand même!!!- de parfois, trop rarement -Cà te calme, là, hein?!- de nous montrer des artistes qui sortent des sentiers battus, annoncent haut et fort qu’ils n’ont pas à exprimer leurs idées à la face du pays. Que le Monde est suffisamment intelligent pour faire la part des choses et qu’ils ne sont pas là pour dire de voter pour untel ou tel autre.
Même si j’ai parfois de gros doutes sur les capacités intellectuelles de mes contemporains. Il y a des micros-trottoir qui mériteraient de figurer au top de Vidéo-Gag.
D’aucuns se complaisent à t’expliquer ce qui se passe. Les sans-papiers, les guerres fratricides, la Russie qui veut rompre avec le gel de l’Armement, l’Irak que les Américains doivent quitter au plus vite, la culture Bio, Le service public télé à la botte du Gouvernement -Tiens prends çà, Vincent, t’avais qu’à y aller à ce débat chez Arlette-. Tout, ils peuvent donner leur avis sur tout. Et moi, pauvre ignare que je suis, je vais aller le voir ton film et l’acheter ton disque parce que c’est sûr, ce soir je vais me coucher moins con!
Là, je pense au Darfour où rien n’est réglé. Et à Haïti ou rien ne le sera. Tu te souviens le génocide rwandais. La communauté internationale s’était exclamée « plus jamais çà! ». Oui et alors, si ce n’est plus là-bas, c’est ailleurs. Et cette même communauté nous explique ce que nous sommes trop stupides pour comprendre. Elle ne peut rien faire en l’état. Et les artistes t’en rajoutent une couche. Ils ont la science infuse, c’est connu. Parce qu’ils passent à la Télé.
Non, toi l’artiste, s’il te plaît, restes le gentil qui t’as fait connaître ou le méchant qui le joue bien…le méchant. Les rôles que tu choisis et que l’on te propose, tu les acceptes pour deux raisons. Soit tu aimes l’argent qui va avec, soit ils te correspondent, te semble-til. Je ne vois rien d’autre. Alors continues à jouer. Redeviens ce « Molière » qui dénonçait en jouant, qui balançait sur les grands sur scène et non en ville. Soit ou essaies d’être un Jean-Baptiste Pocquelin qui créait pour dénoncer. Tiens, fais donc comme ce gamin, qui n’en est plus un -il a grandi depuis le temps-: comment se nomme-t-il déjà? Ah, oui, Laurent Deutsch. Voilà ce que j’appelle une tête bien faite sur un corps sain. Il sait se montrer humble. L’humilité c’est ce qui manque à beaucoup de ceux que l’on nous montre à la télé.
Quant à toi, qui chantes, redeviens le chanteur qui crie sa violence ou hurle son amour du Monde. Tu as mis du temps à sortir ton nouvel album, Renaud. La misère du monde ou l’amour sonnent parfois plus vrai dans ses chansons que dans n’importe quel discours de tant de chanteurs et chanteuses qui ne sont là que pour vendre leur soupe. Lorsque je parle de soupe, j’en ai plein les tiroirs de ces disques achetés et quasiment jamais écoutés tant ce n’était en fait que de la soupe. Je finis en te disant tout de même que je n’aime pas particulièrement Renaud. Mais moins encore Chimène Badi et surtout pas Céline Dion.
Là, sur le coup de Céline, je perds la moitié des gens qui voulaient acheter le bouquin. Remarque, je n’aurais qu’à faire comme tout le monde. Je n’en parle pas lors de la promo et hop, ni vu ni connu j’t'embrouille et quand le lecteur s’en apercevra, il sera trop tard. Tope-là! je fais comme pour les disques, j’appâte avec un truc bien, qui fait, si je peux, pleurer dans les chaumières et je zappe sur ce qui pourrait faire grincer des dents.
Céline, je t’aime! Pas la chanteuse, l’écrivain. On n’a pas forcément la même culture.
Comme je te comprends. Pour Céline, aujourd’hui -l’écrivain- il faut que tu regardes ces chaînes dont personne ne parle parce que personne ne les regarde. Ou si peu. Ou alors, il faut que tu veilles, le soir, jusqu’à des plus soif, quand Morphée t’a déjà tiré dix fois par les pieds pour que tu ailles te lover sous ta couette.
Parce qu’on t’a dit que ce genre de programme n’intéresse qu’une minorité, tu penses que c’est vrai. mais on te le dit à la Télé. Sur ces chaînes qui ne connaissent du mot Culture que l’entre-deux jambes d’une starlette de pacotille ou les biscottos d’un Mickey qui sait à peine compter jusqu’à dix. Inutile de te faire un dessin, tu sais très bien de qui je veux parler! Et les grands patrons de ces chaînes là te diront avec applomb que ce n’est pas là leur rôle. C’est marrant, Ce n’est jamais là le rôle de personne. Mais dis-moi, tu en connais beaucoup toi, des commerçant qui vont te vanter les bienfaits d’un produit vendu chez le concurrent. Moi, je n’en connais aucun. Ou alors, c’est vicieux mais çà se fait, c’est pour mieux te berner et te refiler une merde qui t’enlaidira le soir au coucher. Et tu te seras fait avoir parce que tu auras cru qu’au moins celui-ci, il ne pratique pas la langue de bois et qu’il joue la carte de l’honnêteté, reconnaissant tout de même les mérites de son concurrent. Et point final. S’il le fait, c’est qu’il n’est pas comme les autres, on peut lui faire confiance, te diras-tu. Eh ben NON, justement! Toi tu t’es fait avoir mais c’est trop tard.
La Télé d’aujourd’hui, c’est çà! Du commerce. Point final. Et n’est pas encore né celui qui me convraincra du contraire. Elle ne l’a pas toujours été. Lorsqu’elle était en noir et blanc. Je sais c’est loin.
Je vais même plus avant dans mon raisonnement. Je sais d’avance les arguments de ceux que je critique. Si, si, j’en vois plein qui se sont reconnus.
Prochain épisode, la semaine prochaine. C’est promis…