Obscure nuit, laisse ton noir manteau,
Va réveiller la gracieuse aurore,
Chasse bien loin le soin qui me dévore,
Et le discours qui trouble mon cerveau.
Voici le jour gracieux, clair et beau,
Et le soleil qui la terre décore,
Et je n’ai point fermé les yeux encore,
Qui font nager ma couche tout en eau.
Ombreuse nuit, paisible et sommeillante,
Qui sais les pleurs de l’âme travaillante,
J’ai ma douleur cachée dans ton sein,
Ne voulant point que le monde le sache,
Mais toutefois, je te prie sans relâche,
De l’apporter aux pieds du Souverain.
(Gabrielle de Coignard)