Grèves: revendications et blocages

Publié le 09 novembre 2007 par Pierre

 

 Alors que la semaine prochaine se profile comme un cauchemar pour des millions de français ne pouvant prendre de congés ou RTT les grèves des 13 et 14 novembre, puis des 20, 22… semblent  agréger de plus en plus de candidats : après les transports (où la RATP est « solidaire » de la SNCF !), EDF, GDF, les étudiants rejoignent le front du mécontentement. Le climat social se crispe

.

Les motivations

Cette grève, telle une trainée de poudre, touche progressivement tous les secteurs d’activité avec, comme motivation, pêle-mêle : « dénoncer la politique gouvernementale des 11.200 suppressions de postes » (Education), « contre la réforme des régimes spéciaux de retraite » (SNCF), « contre les réductions d’effectifs et pour les salaires » (fonctionnaires), « pour l’emploi, le pouvoir d’achat, le service public, les conditions de travail, et contre les restructurations. » (poste et télécommunications), « la réforme de la carte judiciaire » (justice), « pour une amélioration des conditions de travail et des augmentations de salaires » (le Crédit Lyonnais)….

 Depuis le gazole des pêcheurs du Guilvinec, calmés par Nicolas Sarkozy, les diverses organisations syndicales de différents métiers se sont engouffrées dans la brèche avec, pour leitmotiv un dramatique et consternant « si eux ont eu quelque chose, alors pourquoi pas moi ? ». Le point commun de toutes ces grèves ? Justement, au-delà des intérêts catégoriels des uns et des autres, pas grand-chose.

On peut toutefois esquisser deux catégories de grévistes : les premiers défendent leurs acquis sociaux, pour eux intangibles et qu’ils associent étroitement au service public. En résumé :  pour avoir un service public de qualité il faut protéger les salariés les assurant et il faut donc des régimes spéciaux . Le problème c’est que l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général fait partie du programme présidentiel du Président Sarkozy. L’histoire risque de finir mal…

La seconde ce sont des salariés, du public comme du privé, qui estiment que leur conditions de travail ne sont pas satisfaisantes ou se dégradent. Là, l’ambiguité est totale car les deux secteurs demandent la même chose alors que leurs statuts les différencient totalement: sécurité de l’emploi, salaires, employeurs…

La particularité française

Allez comprendre les syndicats capables de défendre, dans un même mouvement de grève, des « privilégiés » et ceux qui font les frais de ces mêmes privilèges. Car oui, les régimes spéciaux, déficitaires, sont financés par l’Etat et le régime général  avec pour conséquence, pour les salariés du privé, un allongement de leur années de cotisations, des salaires stagnants, des retraites médiocres…

Et on fera quoi la semaine prochaine ?

 Le taux de syndicalisation est, en moyenne en France, de 8% chez les salariés. Les 90% restants de salariés se débrouilleront. Même s’il semble que le soutien des usagers soit encore fort, on s’interroge quand même sur le fameux « service public minimum », qui refait surface à chaque paralysie du pays. Quand sera-t-il mis en place ?

 Encore une fois on ne pourra que déplorer l’incapacité qu’ont les pouvoirs publics les syndicats, de patrons et de salariés, à négocier. A l’origine de ce problème il y a assurément la faiblesse de notre syndicalisme salarial. Les organisations représentatives ont creusé un fossé avec leurs adhérents potentiels qui ne se reconnaîssent aujourd’hui plus dans cette ligne dure: refus de toute concession touchant au travail, négation obstinée de la réalité de l’allongement de l’espérance de vie (et de ses coûts induits pour la société), représentation grossière du patronat comme l’ennemi juré….

 En attendant, ceux qui le peuvent, prendront des RTT ou des jours de congés tandis que ceux qui ne le peuvent pas seront dans la galère. Sans parler des usagers des transports publics qui, encore une fois, vont sacrément trinquer.

.

François