Sur Twitter, on regrette pas mal ? Rétrospective de ma vie online
Posté le : 23 janvier 2010 | Addikted |Vincent Glad se posait la question. 15% de tweets où il se sent honteux. Sans rire. Loïc monte à 85%. Il fume pas mal de clopes Loïc, aussi. Mais moi ? Je me sens honteux souvent, mais où ? Sur un statut facebook ou une connerie twitter ? Après une blague raciste en famille ou l’humiliation d’une petite grosse en classe avec Barbier en fond sonore ? Mon père, lui, se marre à chaque fois.
Je regrette pas mal mes conneries, j’aimerais pouvoir éteindre mon compte twitter tellement je me sens honteux d’avoir fait cette vanne sur les collants bariolés de cette vieille dans le rer. “Personne ne m’a prévenu que c’était la journée de la tepu?”. Mais fermer son compte twitter c’est tellement nora/sskizo 2008. Twitter n’est pas le lieu où je regrette le plus mes paroles. En général je lâche mon truc et je ne le relis plus. Sauf si quelqu’un me “at”, c’est une sorte de réveil le at, c’est genre Damocles, c’est le moment où on se rend compte que non, on ne parle pas dans le vide, putain, j’ai vraiment dit ça? L’arobas c’est une frayeur : Merde je vais devoir être moins con que je ne le parais. C’est là que la boule pousse dans le bide. On vomit un LOL raté et on fait semblant que personne n’a vu. Jamais on delete. Les couilles sont là.
Je relis ma timeline souvent. Je suis assez parano comme mec. Je me dis “oui là j’étais déplacé”, “oui là c’était pas marrant” “merde j’étais génial ce jour là… c’était il y a six mois”. Mais je lis les autres timeline et j’arrive à me sentir un ton au dessus, car je suis quelqu’un de ONline. Être honteux je le cultive depuis le chat Multimania, j’avais treize ans et cette fille de Saint Raphaël ne m’a jamais répondu après avoir reçu ma photo durement scannée chez un pote plus riche que moi. Pendant des semaines, j’avais du mal avec moi, mon reflet, mes lunettes rondes.
Mais ma personnalité online a évolué, j’ai trollé sur les forums JeuxOnline comme un gros porc, en oubliant qui j’étais derrière un pseudo, derrière mon avatar dans Dark Age of Camelot. Je faisais le roeleplaying d’une grosse chaudasse mineure. J’étais une big star. Mon compte le plus influent a été banni après 666 messages exactement : Markhy Addicted. Putain de grande époque. Je me couchais à 2 heures du mat’ même en période du bac, tous les jours on pourissait l’ambiance et internet ne l’oublie pas.
J’étais sur Zedeathtouch dans le même temps. On a eu quelques coups d’éclats. On peut refaire le même mag aujourd’hui, tu remplaces “progamer” par “community manager” et ça va faire rire tout l’internet.
Les forums musiques aussi, j’ai produit quelques bonne vannes, mais la musique c’était trop sérieux pour moi alors souvent je me faisais niquer par naïveté. Et Teki Latex tenait le niveau tellement haut, niveau phrase définitive et second degré que même M. Oizo n’arrivait pas à suivre.
Twitter est arrivé pour moi en avril 2008, et je me sentais déjà en retard sur ce média. Forcément putain, il y avait Thibaut Thomas qui avait fait déjà 40 mémoires sur le sujet. Puis, récemment, les gens du OFFline sont arrivés et là on a commencé à avoir des regrets. Mais oui, Vincent c’est à cause d’eux ce % de regrets, ne cherche pas, tu ne regrettais rien avant, c’est qu’ils nous empêchent de jouer ces vieux. On ne peux plus vanner comme on le veut, avec nos règles, nos jokes. Non, on doit suivre des règles. “Les 10 règles pour être un bon twittos”. On a encore perdu sur ce jeu, après avoir perdu dans le blog-game, on a perdu dans le tweet-game. Dés qu’il y a un top 10, les jeunes meurent, le jeu est perdu, on prospecte les nouveaux médias pas encore envahi par le monde OFFline.
Le jour où j’ai capté ça, c’est quand @Tristan_NvelObs m’a envoyé un “at”. Je me suis dis : “Putain c’est quoi cette nouvelle team, “NvelObs”, ils ont fait de bons résultats à la Nexen ?” Mes couilles, NvelObs c’est un journal et ce mec là, il était ultra sérieux. Il a sous-entendu que je disais de la merde juste parce qu’il avait son tag “Journaliste”. Un mec totalement offline en fait. Mais qui fait du journalisme online pour sauver les meubles. Il m’a dit “Sauf que la première de Stéphane Guillon c’était il y a un mois à Viroflay. #fail”. Il parlait avec les codes sans avoir les codes. Forcément j’ai répondu : “@Tristan_NvelObs #mifailmiraisin. C’était quand même la première au Dejazet.” (http://twitter.com/Markhy/status/7713916907). Là c’était l’épiphanie. Le mec venait d’essayer de me clasher alors que j’en avais rien à foutre de savoir tout ça, de savoir qui il était. Depuis il a supprimé son tweet, mais moi je suis comme l’internet, j’oublie rien. Lui, il a la mentalité offline : Je peux encore supprimer, cacher ma bêtise. Non, mec.
Nous les ONline, on ne supprime rien. Notre bêtise nous fait vivre depuis 1999. On sait où sont nos traces et on les laisse jusqu’à que l’entreprise fasse faillite. La vie privée nous appartient, on en fait ce qu’on veut, parfois c’est une blague, parfois on est bourré, parfois c’est vrai. Mais jamais vous ne savez ce qu’elle est vraiment. Et on va vite trouver un nouveau média pour continuer de vivre en autarcie en vous regardant, désespérément, essayer de nous suivre.