Amours estivales - 16. prague : hradcany, place du château

Publié le 23 janvier 2010 par Rl1948


   Que ce soit avec des centaines et des centaines d'autres touristes, par le pont Charles qui mène directement à Mala Strana, le "Petit côté", sur la rive ouest de la Moldau ou, samedi dernier, par le pont Cech, plus au nord sur la rivière, puis, seuls, par les jardins royaux à l'arrière des anciennes fortifications,  nous voici donc arrivés, vous et moi amis lecteurs, sur la place principale devant le château royal de Prague.



   Avant de pénétrer, samedi prochain, dans les différentes cours successives du château proprement dit, je vous propose aujourd'hui d'accorder notre attention à Hradcanské namesti, la place bordée des palais érigés par la noblesse catholique, après le dramatique incendie de 1541 et d'en plébisciter subjectivement trois d'entre eux.

     Sur le premier, le palais Schwarzenberg, édifice à pignons de style Rrenaissance et décoré de sgraffites en "pointe de diamants",


vous m'autoriserez ami lecteur à ne plus m'étendre puisque déjà, dans mon dernier article de 2009, je l'avais évoqué.

  
Décoré lui aussi, le palais Martinic


et ses élégants sgraffites d'époque Renaissance s'inspirant de scènes de l'Ancien Testament


doit son nom à un des défenestrés de Prague, Jaroslav Martinic : ce dernier en effet, refusant la fermeture de deux temples du culte, se rendit avec une délégation de protestants de Bohême au palais royal où ils furent reçus par le souverain. L'entrevue apparemment houleuse prend un tour inattendu quand les affidés du roi en jettent deux d'entre eux par la fenêtre, dans les douves ; dont le gouverneur Martinic en question. Cet événement, par parenthèses, marquera le début de la Guerre de Trente ans (1618) .   


   Précédé de la "Colonne de la Peste", colonne mariale (surmontée d'une statue de la Vierge) créée en 1726 par Ferdinand Brokoff en mémoire des victimes de la peste de 1713-15,

 

le palais archiépiscopal, d'abord, siège donc des archevêques de Prague qui, bien que déjà remanié dans le style baroque en vigueur au XVIIème siècle, se vit ajouter une façade "rococo" vers 1765.



   Il paraîtrait qu'il aurait été construit à un niveau supérieur aux bâtiments de la première cour du château dans le seul but d'indiquer la suprématie du pouvoir religieux sur le politique ...


   Ce n'est pas un hasard si Mozart (1756-1791), adulé dès l'âge de six ans par l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche et  approché par Joseph II, son fils, empereur du Saint-Empire romain germanique - auquel les Tchèques doivent d'être sortis du Moyen âge : rappelez-vous, ami lecteur, je vous en avais déjà touché un mot quand de conserve nous avions, vous et moi, visité Josephov, le quartier juif qui lui doit son nom -, pour écrire un opéra, choisit  la prestigieuse capitale de la Bohême, après l'échec à Vienne de la "Flûte enchantée" portée ensuite au pinacle par les Pragois, réputés connaisseurs et exigeants, pour composer, d'après un livret de Lorenzo da Ponte, son nouvel opéra : Don Juan. Chez ses amis Dusek qui l'hébergent, il y rencontrera d'ailleurs Casanova en personne, qui lui aussi séjourne volontiers dans la ville.

   Ce n'est pas un hasard si Prague, dont la réputation musicale atteint dans l'Europe du XVIIIème siècle son véritable acmé, lui propose, en 1787, de créer l'opéra au théâtre Nostitz, dans la Vieille Ville, du nom de ce comte mécène, grand burgrave de Bohême et, surtout, franc-maçon comme Mozart et Dusek, qui le fit construire ; théâtre qui, depuis l'extrême fin du XVIIIème siècle est connu sous l'appellation de Théâtre des Etats et se veut actuellement le temple même de l'oeuvre mozartienne.

  
 
   Et ce n'est enfin pas plus un hasard si, le réalisateur naturalisé américain, Milos Forman, d'origine tchécoslovaque, choisit lui aussi Prague pour tourner les extérieurs de son Amadeus, en 1984.

 

   Mais, serez-vous en droit de vous étonner, ami lecteur, mis à part le lien évident de tout ceci avec Prague, pourquoi évoquer, ici et maintenant, Mozart, d'abord, Forman ensuite ?

   Parce que, dans un premier temps, j'avais envie de mettre simplement l'accent sur le lien puissant, bien plus qu'avec la capitale autrichienne d'ailleurs, qui unit le compositeur avec celle de Bohême : il n'est que de se rappeler qu'à Vienne, Mozart fut enterré presque abandonné de tous et sans cérémonie aucune, alors qu'à Prague, en guise d'ultime hommage, un important office fut célébré devant une foule imposante ...

   Mais aussi, dans un second temps, fil ténu, anecdotique vous en conviendrez, mais fil néanmoins - sans mauvais jeu de mots ! -, dans la mesure où, arrivé au pouvoir, l'actuel président  tchèque Vaclav Havel décida de commander au créateur des costumes du film de Forman la confection de celui des soldats de la Garde du château royal, devenu, il faut aussi le préciser, palais présidentiel.


 
   Vous n'avez plus maintenant qu'à me suivre, amis lecteurs à l'intérieur de ce château qui, sur son éperon rocheux, domine Prague. Pas vraiment tout de suite, en fait, obligés que nous allons être d'attendre quelques instants que se termine la relève de la Garde présidentielle, moment toujours apprécié et immortalisé par de très nombreux touristes.
   Sacrifions donc à la tradition ...