Journée Internationale de la Saucisse

Publié le 22 janvier 2010 par Francisbf

Tout d'abord, et afin de dissiper par avance tout malentendu, il est évident que cet article n'est en rien engendré par la frustration de ne manger que trois plats différents par semaine, tous incluant du riz et aucun de la saucisse. Cela dit, nous pouvons continuer. Merci de votre attention.

La saucisse. Quel mets peut mieux prétendre à la canonisation que la saucisse ? Un bref instant de réflexion suffit à répondre : aucun.

Ce n'était pourtant pas une évidence. A la base, remplir une poche à caca de bouts de gras et des restes de chair qui attachent à l'os ne paraît pas constituer une recette particulièrement engageante. Aussi consciencieusement que l'on nettoie le boyau, on ne peut pas faire disparaître toute forme de déchet alimentaire pas ragoûtant.

Et pourtant. La saucisse, c'est bon. Super bon, même. En toute objectivité.

En plus, c'est le plus protéiforme de tous les mangers qui peuplent cette planète, sauf peut-être le tofu. Mais là où la glorieuse et phallique saucisse est le gage d'un apport calorique indispensable à une vigueur libidinesque, le tofu, fade, informe et dépourvu de tout élément nutritif, ne saurait être l'aliment que des bande-mous encore plus incapables d'apprécier les plaisirs de la chair que ceux de la chère (mamie, si tu lis, ne t'offusque pas, je suis obligé de faire ça par contrat avec l'hébergeur, c'est pour attirer les gens, je ne le pense pas, en vrai, je ne suis pas un pornographe)*.

La saucisse sait en effet se faire apprécier partout, à tout moment, sous des incarnations tout aussi délicieuses que différentes.

La saucisse sèche, au délicat arôme de pipi, est le plus abouti des apéritifs charcutiers, sa matrice compacte rouge foncée tachetée de pâles bulles de bon gras de cochon, enrobée dans son boyau fariné qui en met partout sur le pantalon fournissant en prime un sujet inépuisable de conversations animées entre les tenants de la tranche fine et ceux de la tranche épaisse, qui ne se rendent pas compte qu'ils ont tous les deux raisons, car la saucisse sèche est immensément adaptable.

Si on en manque, on peut toujours se rabattre sur la mini-saucisse cocktail, également éminément sociabilisante mais moins écologique parce qu'il faut en abattre des arbres, pour faire les cure-dents.

On pourra ensuite enchaîner selon son identité nationale sur un bon rougail de saucisse de Toulouse, un cassoulet bien grouilleux avec ses saucisses un peu farineuses, une choucroute alsacienne à la saucisse flashy qu'on ne peut déguster qu'avec érotisme, une flecque accompagnée de sa maouche lozérienne aux choux, de la bonne potée auvergnate, une galette-saucisse pour les bretons, un stoemp pour les wallons, un couscous-merguez pour les mômes à la cantine, voire même si on est pauvre, une saucisse-purée dont vos enfants se rappelleront avec émotion.

Mais tout ça ne doit pas faire oublier que la saucisse constitue également le petit-déjeûner des champions (avec un bol de Frosties), ainsi qu'une éponge à alcool idéale sous la forme de hot-dog (derrière le Stolly's, dans le Marais à Paris, ils font des très bons hot-dogs pour aller avec la bière du coin).

Si ça s'arrêtait là, ce serait déjà la reine des plats. Mais non contente de d'être belle est bonne, elle est d'ailleurs sans doute,aux côtés de la bière, le garant de la paix européenne, étant le seul terrain d'entente entre les anglais, les français et les allemands et les belges, qui malgré leurs divergences footballistiques savent tous apprécier une bonne saucisse à sa juste valeur.

Décidément, merci à toi, saucisse. Tu mérites la reconnaissance. C'est pourquoi, ne sachant comment conclure cet article commencé il y a une semaine, je déclare le samedi 23 janvier Journée Internationale de la Saucisse. Hop, il est tard, dodo.

*Normalement, là, c'écrit assez petit pour que ma mamie n'arrive pas à lire. En fait, je le pense, hein.