« Malgré l’échec de Copenhague, nous devons mettre en œuvre l’adaptation à nos frais, car nous faisons l’expérience des impacts du changement climatique au Burkina Faso depuis plusieurs années, et ils sont de plus en plus graves », a dit à IRIN Bassiaka Dao, président de la confédération paysanne du Faso (CPF).
D’après M. Dao, les 10 milliards de dollars que les pays riches ont accepté de donner chaque année aux pays en développement afin de les aider à atténuer les effets du changement climatique sont insuffisants. Les Nations Unies ont dit lors desrencontres de Copenhagueque 25 à 50 milliards de dollars par an seraient nécessaires.
Impact
Ces dernières années, la saison des pluies a commencé et s’est terminée plus tard que d’habitude au Burkina Faso, se poursuivant jusqu’en octobre alors que le mois de septembre correspond traditionnellement à la période des récoltes, d’après M. Dao.
Les pluies sont en outre de plus en plus fortes, ce qui provoque une érosion du sol et des inondations soudaines, d’après Emmanuel Nikiéma, spécialiste de la gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale. Quelque 22 200 hectares de terre ont été inondés en 2009, d’après le ministère de l’Agriculture.
« La pluie arrive par torrents, et peut inonder un champ en 15 minutes », a dit M. Dao à IRIN.
Parallèlement à ce phénomène, la désertification, qui touche depuis longtemps le nord du pays, a commencé àgagner des poches dans le sud, d’après M. Nikiéma.
Des pluies plus longues impliquent que les cultures risquent de pourrir. En 2009, 40 pour cent des cultures de niébé et une grande partie de la récolte de sorgho ont pourri, a dit M. Dao.
D’après lui, les agriculteurs ont besoin d’une aide extérieure plus importante pour s’adapter à ces nouvelles conditions.
A travers son Programme d’action national d’adaptation au changement climatique, le gouvernement a réservé trois millions de dollars pour aider la population à s’adapter dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de l’exploitation forestière et des ressources en eau.
Une des activités agricoles les plus importantes consiste à développer les techniques traditionnelles de protection des sols, a dit M. Dao. Parmi ces méthodes, on peut citer le zaï, qui consiste à creuser des trous et les remplir de matière organique séchée, de façon à permettre la formation de poches d’eau, qui favorisent la croissance des plantes à racines profondes ; l’installation de barrières d’herbe ou de pierre autour des cultures, afin de les protéger de l’érosion du sol ; l’utilisation, comme engrais, de fumier fabriqué dans des fosses septiques.
Mais pour permettre aux cultures de survivre aux pluies erratiques, il faudrait que les agriculteurs soient beaucoup plus nombreux à avoir accès à des semences à haut rendement et à croissance rapide, a dit M. Nikiéma, de la Banque mondiale.
C’est l’une des priorités du soutien que la Banque mondiale apporte à la production agricole et à la sécurité alimentaire du Burkina Faso, qui s’élève à 54,5 millions pour la période 2010-2015. L’année dernière, la Banque mondiale a dépensé cinq millions de dollars pour distribuer des semences de sorgho, maïs et niébé à croissance rapide.
Les nouvelles variétés de niébé peuvent être récoltées en 45 jours, contre 80 auparavant, d’après des experts en agriculture ; le sorgho et le maïs en trois mois au lieu de quatre ou cinq.
François Traoré, producteur de céréales à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, et président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina, a dit à IRIN qu’il serait souhaitable que d’autres bailleurs suivent le mouvement.
« Aider les agriculteurs à s’adapter aux changements pourrait permettre d’ouvrir de nouveaux horizons dans la production agricole, et de transformer notre façon de cultiver ».
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