la douceur est si juste
le murmure si fragile
que leur insistance à l’aube
me réveille
j’avance à pas très comptés
sur l’avenue fouettée
par les bus bornés rasant
les voies ferrées
la pluie s’irrite folle
contre lenteurs et pauses
que j’aménage seul
dans mon temps
j’élargis mes textes
au plus clair de midi
en mâchant un quignon
voluptueux
rien qu’une sieste voyage
les rêves me réchauffent
au plein d’hiver frappé
par les nues basses
s’inclinent enfin les pics
des heures machinales
le tiède m’enveloppe
il fait mauve
j’entends nettement
le cliquetis rouillé
du portail diurne
qui languit
il me semble que le saule
agité tout le jour
abandonne des branches
blessées
tiens l’ange rieur suspendu
qui s’était bien gardé de luire
jette son cri orange
à ma fenêtre
et la nuit soudain claire
vérifie ses premières étoiles
un camion gronde l’humanité
loin très loin