tu sais la solitude
au parfum de thuyas
sous l’argent hivernal
réveille toutes les peurs
vrilles de papier
à l’intérieur de la tête
que le moindre échange
fait s’effriter en cendres
j’aime pourtant ces instants
où dépris de tout de tous
je passe la main sur mon col
dégageant mon écharpe
respiration grave au charme
large du premier pas
je renais chaque fois étonné
de ce déploiement souple
sortir de la maison
blessé du coup de vent
je m’habitue allez va
ces petits pas serrés
sur les gravillons marins
roulis pour les semelles
qui semble-t-il me portent
vers la loi des avenues
je cultive cette amie
aux yeux gris perdurant
solitude fraîche où
je transcris sans trembler
l’avantage unique
de trier tous ces mots
qui sinon feraient de moi
un muet saturé d’aigre