Le 14/10/09, le Journal du Net écrivait : "Le 22 novembre 2009, Henri Proglio deviendra président directeur général d'EDF tout en conservant la présidence de Veolia. ... / ... Qui plus est, il s'agit de deux fleurons économiques français, membres du Cac 40. Les conflits d'intérêts ne sont pas loin, et pourtant cette réalité n'est pas si exceptionnelle, au contraire. Depuis longtemps les grands patrons français cumulent les responsabilités au sein des conseils d'administration ... / ... "
En ce qui concerne Henri Proglio, les français auront pu apprécier la très belle prestation des membres du gouvernement et de l'UMP sur son éventuelle double rémunération.
Quelques déclarations d'anthologie :
"M. Proglio a deux responsabilités et donc il y a deux salaires. En réalité, la somme des deux salaires représente ce qu'il gagnait auparavant, donc il n'a pas gagné d'argent", a argumenté Eric Woerth ... / ... Dans d'autres pays, ils paient mieux leurs dirigeants (...) La France n'est pas un pays qui paie si bien que ça ses dirigeants même si les sommes peuvent sembler très importantes."
Patrick Devedjian, a lui parlé de : "cumul de travail aussi" - Source Libération
Luc Chatel : "... / ... Nous avons trouvé un système où il va être rémunéré comme PDG d’EDF au même niveau que son prédécesseur ( ce qui est faux au demeurant puisqu'il touche 45% de plus), et où il sera rémunéré par Véolia comme président non exécutif au niveau du marché. Au total, ce fera une rémunération qui est la même que celle qu’il touchait précédemment, et qui est la 32ème du CAC 40". - Source Libération
Et le "magnifique" : "Le Mouvement Populaire dénonce la campagne contre Henri Proglio" de Frédéric Lefebvre du 20/01/2010
"Je regrette la campagne orchestrée contre Henri Proglio qui est un très grand chef d'entreprise et qui dirige EDF tout en présidant le conseil d'administration de Véolia. Sa rémunération cumulée est moins élevée que celle qu'il percevait lorsqu'il était seulement Président de Véolia. Il serait curieux de lui faire le reproche d'avoir accepté d'augmenter sa charge de travail et l'ampleur de ses responsabilités, tout en gagnant moins, alors même que l'Etat a été le chercher parce que EDF méritait d'avoir à sa tête l'un des meilleurs."
Tout cette débauche d'énergie pour en arriver au communiqué d'hier : "Après le salaire, les fonctions. Jeudi soir, Henri Proglio, nouveau PDG d’EDF, a annoncé qu’il renonçait à l’indemnité de 450.000 euros qu’il devait toucher en tant que président non-exécutif de Veolia Environnement, poste qu’il occupait précédemment et qu’il conserve" - Source Le Figaro
Mais intéressons-nous, un peu mieux sur aux dirigeants du CAC40 que Luc Chatel cite à deux reprises comme la référence de ce marché salarial !
" ... / ... L'écheveau du CAC 40 est un tout petit monde : au 15 décembre 2009, on comptait près de 500 administrateurs et 95 dirigeants (PDG, présidents du directoire, directeurs généraux, présidents de conseils de surveillance ou d'administration). Parmi ces 95 hommes, dont l'âge moyen est d'un peu plus de 57 ans, figurent 15 étrangers - chez le groupe d'aéronautique et de défense EADS, le sidérurgiste ArcelorMittal, le laboratoire Sanofi-Aventis, Carrefour ou l'équipementier en télécommunications Alcatel-Lucent ... / ... " - Source Le Monde
Le JDN que nous citions en introduction a publié le 14/10/09 une étude dans laquelle, il a : " classé les patrons des 60 plus grandes capitalisations boursières françaises en fonction de leur nombre de sièges dans des conseils d'administrations"
1er : Amaury de Sèze (Carrefour) : 12 conseils d'administration
Le président du conseil d'administration de Carrefour est sans doutes un des patrons les plus puissants de France. Il siège au conseil d'un autre membre du Cac, Suez Environnement, mais aussi dans trois entreprises du SBF (Imérys, Publicis et Thalès). Il dispose également d'un strapontin dans le puissant Groupe industriel Marcel Dassault, la holding qui chapeaute l'empire familial.
Et comme pour verrouiller son influence, il a son mot à dire sur les participations des trois holdings d'Albert Frère qui détiennent des participations dans Total, GDF-Suez, Lafarge et Pernod Ricard. Qui plus est, il est vice président du conglomérat canadien Power Corporation et membre du conseil de surveillance du réassureur Gras Savoye.
Conseils d'administration en France : 7
Conseils d'administration à l'étranger : 5
Jetons de présence en 2008 : 1,2 millions €
2e : Denis Kessler (Scor) : 9 conseils d'administration
Celui qui a créé en 1998 le MEDEF avec Ernest-Antoine Seillière, à qui on a prêté l'idée de renverser Laurence Parisot et qui semble en avoir abandonné l'idée : "Je ne suis pas candidat, mais je continue à être passionné par le rôle des entreprises dans la société française à un moment de mutation très intense" - Source Reuters, n'est pas non plus "manchot" dans le domaine.
En plus de présider et diriger l'assureur Scor, ainsi que huit de ses filiales, Denis Kessler siège dans les prestigieux conseils de BNP Paribas, de Bolloré et de Dassault Aviation. Il est par ailleurs administrateur d'Acofi (services financiers) et censeur de Gimar Finance. Il a aussi décroché un fauteuil au conseil d'administration du FSI (fonds stratégique d'investissement).
A l'étranger, cet ancien numéro 2 du Medef dispose d'un strapontin au conseil d'administration de Yam Invest, une holding de sociétés de promotion et d'investissements immobiliers, qui détient Cogedim. Il siège également au conseil d'Invesco, un gestionnaire de placements.
Conseils d'administration en France : 7
Conseils d'administration à l'étranger : 2
Jetons de présence en 2008 : 122 428 €
3e : Henri Proglio (Veolia) : 8 conseils d'administration
A l'instar de son rival Gérard Mestrallet, le patron de GDF Suez, Henri Proglio est en train de réussir le tour de force de présider aux destinées de deux entreprises du Cac 40. Le 22 novembre prochain il prendra la tête d'EDF, dont il est déjà administrateur, tout en gardant la présidence de son entreprise d'origine, Veolia Environnement. Cet ex-chiraquien est d'ailleurs un habitué des conseils d'administration. S'il a quitté celui de Casino en 2008, il garde des fauteuils dans ceux de Lagardère, CNP Assurances, Natixis et Dassault Aviation.
Par ailleurs, le futur patron d'EDF préside le conseil de surveillance de Dalkia et est encore censeur des Caisses d'épargne. Enfin, au sein des filiales de Veolia, il préside ou administre 12 conseils.
Conseils d'administration en France : 8
Conseils d'administration à l'étranger : 0
Jetons de présence en 2008 : 241 300 €
4e : Michel Pébereau (BNP Paribas) : 8 conseils d'administration
Avec le retrait de Claude Bébéar, le président du conseil d'administration de BNP Paribas est devenu le nouveau parrain du capitalisme français. A lui les conseils d'administration les plus prestigieux. Et pas des moindres : Axa, EADS, Total, Lafarge et Saint-Gobain. Le plus souvent c'est en qualité d'administrateur indépendant qu'il exerce ses fonctions.
Mais comme s'il fallait vraiment bien verrouiller son influence, il siège également au conseil de Pargesa, la holding suisse d'Albert Frère et de Paul Desmarais, qui détient des participations dans Imérys, Pernod Ricard et GDF Suez. En somme Michel Pébereau a un droit de regard sur presque un quart du Cac 40 ! Mais le banquier est aussi censeur du conseil de surveillance du groupe Galerie Lafayette.
Conseils d'administration en France : 7
Conseils d'administration à l'étranger : 0
Jetons de présence en 2008 : 363 232 €
La suite du classement
5e : Gérard Mestrallet (GDF Suez) : 7 conseils d'administration
6e : Jean-René Fourtou (Vivendi) : 6 conseils d'administration
7e : Thierry Desmarest (Total) : 6 conseils d'administration
8e : Gilles Benoist (CNP Assurances) : 6 conseils d'administration
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13e : Didier Lombard (France Télécom) : 5 conseils d'administration
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Classement complet sur le JDN
Le 21 avr 2009, le député Yanick Paternotte (UMP, Val-d’Oise) a déposé : "une proposition de loi limitant le cumul de mandats sociaux dans les sociétés cotées. « Comment peut-on escompter un contrôle rigoureux de la gestion d’une entreprise de la part d’administrateurs ou de membres du conseil de surveillance qui occupent cinq mandats sociaux dans cinq grandes entreprises différentes, voire plus, ainsi que la loi le permet ? ... / ... " Source Hémicycle
Nous allions le dire !
Crédit image
"Maman, quand je serai grand je veux être patron du CAC 40"
Editions Gutemberg